Le Sel de la mer

A voir mardi 20 mai 2014 à 14h sur TV5 Monde |

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Loin d’être stabilisée, la situation au Moyen-Orient favorise aujourd’hui l’émergence d’une nouvelle vague d’auteurs engagés. Inspirés par le geste pionnier du cinéaste israélien Amos Gitaï, de jeunes réalisateurs prennent les commandes d’un cinéma en exil, affaibli par les préoccupations politico-religieuses qui minent la plupart de ces territoires. Après un réveil cinématographique au Liban, au Kurdistan ou encore en Iran, Annemarie Jacir poursuit l’œuvre d’Elia Suleiman et Hany Abu-Assad, dans le but de sortir le cinéma palestinien de sa torpeur.

Sélectionné dans la section cannoise Un Certain Regard, son premier long-métrage dévoile le double visage d’un pays profondément déchiré. Née à Brooklyn, d’origine palestinienne, Soraya s’apprête à réaliser son plus grand pojet: s’installer en Israël, sur les terres que sa famille a dû quitter en 1948. Semée d’embûches, sa route croise celle d’Emad, un jeune Palestinien qui n’aspire, quant à lui, qu’à s’envoler pour le Canada. Ensemble, ils traversent un pays paralysé et transgressent les interdits pour se rendre au bord de la Méditerranée, symbole de leurs rêves de liberté…

Hautement autobiographique, «le Sel de la mer» contient toute la rage des revendications identitaires et territoriales de son auteur. Road-movie ou pèlerinage, la frontière qui sépare les illusions de la réalité s’avère perméable et ne cesse de résonner à travers les aspirations contraires des personnages: d’un côté le retour et de l’autre le départ. En résulte un pamphlet pour la liberté dont le constat amer et douloureux ne fait qu’en raviver la nécessité.

Milh Hadha Al-Bahr
de Annemarie Jacir
France / Palestine, 2008, 1h45