Le Petit garçon

A voir mercredi 14 septembre 2016 à 23h25 sur Arte |

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Né en 1932 à Kyoto, décédé le 15 janvier 2013 à Fujisawa, Nagisa Ōshima a été l’un des activistes en chef de la contre-histoire cinématographique du Japon d’après-guerre (avec Imamura, Terayama et Yoshida). Depuis 1959, il a commis de véritables «films-forfaits», près de trente longs-métrages, presque tous saisis par le désir, la mort et le processus d’aliénation qui saisit tout individu vivant en société: «l’un de mes thèmes centraux est le monde où l’on ne peut vivre en restant soi-même, où la vie n’est possible que si l’on devient un autre».

Une idée simple «innerve» tous les films d’Ōshima: le désir ne peut s’épanouir que lorsqu’il y a destruction de l’Etat, d’où cette formule magnifique: «faire un film revient à commettre un crime». Le vrai cinéaste, étant celui qui exprime son désir, est donc forcément un «criminel»… Un «criminel» qui attente en tout état de cause à la sécurité de l’Etat: «aucun de mes personnages n’est sauvé, ni ne veut l’être». Tout au long de sa carrière, même à ses débuts dans le cadre de la Shoshiku l’une des principales «majors» japonaises, Nagisa Ōshima n’a jamais transigé sur cet engagement «criminel», ce qui lui valut plusieurs procès retentissants. Il essaie tout, restitue en plans fixes (au banc-titre) le fameux manga de Sanpei Shirato, «Carnet des Ninja» («Ninja bugeicho», 1967), avant de tourner un porno de façon volontairement luxueuse, «L’Empire des sens» («Ai no corrida»).

A la fin des années 1960, il réalise «Le Petit Garçon», un film à hauteur d’enfant qui renvoie le reflet implacable d’une famille dysfonctionnelle. Formellement plus classique que les précédents films d’Ōshima, «Le Petit Garçon» n’en est pas moins rempli de colère. Inspiré d’un fait divers, il pointe d’un doigt accusateur un pays semblable à une prison, peuplé d’individus égoïstes et dépourvus d’âme. Au cœur de sinistre constat ne reste alors qu’une seule lueur d’espoir, celle de l’innocence de l’enfance, bientôt bafouée par les névroses de l’âge adulte.

Toshio, dix ans, sillonne le Japon avec son père, sa belle-mère et son demi-frère. Incapable de travailler suite à une blessure de guerre, son père pousse les membres de sa famille à se jeter sous des voitures afin d’extorquer, à l’amiable, de l’argent aux conducteurs…

Shonen
de Nagisa Oshima
Japon, 1969, 1h45