Débarqué de sa province à Paris, Benoît, douze ou treize ans, tente désespérément de s’intégrer dans sa nouvelle école. Sur un thème déjà souvent abordé au cinéma, le réalisateur français Rudi Rosenberg nous livre un premier long-métrage passionnant, dans sa manière d’appuyer là ou cela fait mal, tout en restant très drôle!
Auparavant, Rosenberg s’est fait la main en tournant trois courts qui traitaient déjà des affres de la préadolescence, dont l’étonnant «Aglaée» (2010) dont il a d’ailleurs rapatrié le personnage de la jeune handicapée… Dans ses tentatives répétées d’intégration, Benoît n’a guère de succès. Tentant de s’attirer les bonnes grâces de celles et ceux qui brillent par leur audace, leur impertinence ou leurs bons mots, il essuie de leur part humiliations et moqueries, ce qui lui vaut d’être adopté par les bras cassés et les boulets de sa classe, les cancres, les moches, boutonneux à lunettes et infirmes, dont Benoît ne réclamait nullement les faveurs.
L’intérêt du «Nouveau» réside donc cette volonté de ne jamais esquiver, comme dans tant d’autres films «de préau», les petites et grandes cruautés inhérentes à l’ère impitoyable de l’adolescence. Pourtant fragiles comme le cristal, ses représentants se décochent parmi des flèches assassines qui font terriblement mouche! Dans cette perspective, certaines séquences relèvent de l’anthologie, notamment celle de la «teuf» organisée par Benoît pour se rendre «populaire».
Tout en nous faisant marrer, Rosenberg ne dépeint pas gratuitement ce jeu d’exclusions multiples. En creux, il donne une leçon de vie très profitable, à savoir qu’il faut apprendre de toute urgence à rire de soi-même si l’on ne veut plus être blessé par la méchanceté d’autrui!
de Rudi Rosenberg
France, 2015, 1h21