Le Grand Embouteillage

A voir lundi 14 juillet 2014 à 20h50 sur Arte |

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Discret, éclectique, inégal, Luigi Comencini est l’un des rares cinéastes à avoir su restituer l’état d’enfance dans sa vérité la plus intime, au point de réussir, en partie, l’adaptation impossible de «Heidi» (1952)! Pour cette raison, des films comme «L’Incompris (1966), «Eugenio» (1980) et «Un Enfant de Calabre» (1987) comptent parmi les plus beaux de son œuvre riche de trente-trois longs-métrages.

Mais le cinéaste est également, aux côtés de Mario Monicelli, Dino Risi et Ettore Scola, l’un des inventeurs de la fameuse «comédie à l’italienne» qui a pris le relais du néoréalisme (épuisé) au début des années soixante pour continuer à refléter les réalités italiennes (en les raillant). Apparu bien après l’âge d’or de ce courant cinématographique, «Le Grand Embouteillage» débute sur un régime comique, mais se termine sur un ton profondément angoissant qui le distingue de ses prédécesseurs.

Il raconte la désagrégation progressive du comportement de différents voyageurs sur une autoroute bouchonnée. Parmi eux, un homme d’affaires, une famille napolitaine, un couple qui s’apprête à célébrer leurs noces d’argent, un jeune amoureux, des hommes armés, un blessé et une féministe mélomane vont tour à tour chuter dans la monstruosité…

Avec un humour d’une extrême noirceur, Luigi Comencini s’attache à dépeindre l’homme moderne, dont l’inactivité et l’incommunicabilité vont de pair avec une société de consommation totalement embouteillée. Au sein de cet univers anxiogène, chacun suit sa propre voie et s’épie à travers une vitre sans jamais chercher à entrer en contact avec autrui. Visionnaire et féroce, le cinéaste livre ici une fable nihiliste dont la plus grande force est d’instiller un sentiment de malaise révélateur dans l’esprit de ses spectateurs.

L’Ingorgo – una storia impossibile
de Luigi Comencini
France / Italie, 1978, 1h53