Le Convoi de la peur

A voir lundi 19 janvier 2015 à 20h50 sur Arte |

le-convoi-de-la-peur_WEB

Formé à la télévision, William Friedkin n’aime guère les fioritures. «French Connection» (1971) ou «l’Exorciste» (1973) brillent plus par leur efficacité que par leur subtilité. Il faut pourtant se garder de juger ce cinéaste sur ces deux seuls films qui remportèrent un immense succès! Après avoir filmé Fritz Lang à l’occasion d’un long entretien («Fritz Lang Interviewed by William Friedkin», 1974), Friedkin réalise le remake ambitieux du «Salaire de la peur», le chef-d’œuvre d’Henri-Georges Clouzot. Film maudit «Le Convoi de la peur» faillit ne pas voir le jour en raison de conditions de tournage catastrophiques et fut totalement occulté à sa sortie par les éclats triomphants de «La Guerre des étoiles».

Un banquier français, un malfrat américain et un terroriste palestinien en exil travaillent sur une exploitation pétrolière en Amérique du Sud. Un jour, un pipeline prend feu à quelques centaines kilomètres de là. Une importante somme d’argent est alors promise à ceux qui se porteraient volontaires pour y convoyer un chargement de nitroglycérine destiné à limiter les dégâts lors de son explosion. Bien que les risques de ce voyage soient majeurs, l’appât du gain l’emporte immédiatement sur la raison…

Evitant la redite, William Friedkin développe avec Walon Green, scénariste de «La Horde sauvage» (Sam Peckinpah, 1969), les raisons pour lesquelles les trois personnages principaux se réfugient en Amérique du Sud, un aspect aussi bien absent dans le roman de Georges Arnaud que chez Clouzot. Grâce à cette astuce narrative, Friedkin renvoie ces hommes dos-à-dos avec une conscience souvent fragile, sinon tourmentée. A cette plongée abyssale à travers l’âme humaine répond une mise en scène soigneusement étudiée, qui parvient à rendre palpable la crasse, l’oppression et le désespoir.

Sorcerer
de William Friedkin
Etats-Unis, 1977, 2h