A voir lundi 21 septembre 2015 à 01h10 sur Arte |
Claude Berri (1934-2009) n’était pas seulement le producteur «fortuné» de «Bienvenue chez les Ch’tis». Pendant plusieurs décennies, le patron de Renn Production aura été l’une des figures-clefs de l’industrie cinématographique française, l’un des premiers à saisir l’interdépendance entre films d’auteur et «blockbusters», entre cinéma et télévision, promouvant un nouveau modèle de production. Partant, avec quelques autres, il avait réussi à imposer sa marque au paysage audiovisuel tricolore, produisant Oury, Zidi ou Annaud pour pouvoir s’«offrir» les Téchiné, Pialat, Truffaut, Polanski, Chéreau, Kechiche ou Demy.
Homme de pouvoir et de caractère, Berri n’a jamais craint la provocation, la prise de risque et l’aventure. En mai 1968, avec Godard, il se suspendait aux rideaux du cinéma pour faire capoter le Festival de Cannes. En août de la même année, avec Truffaut, il allait chercher à Prague les enfants de Milos Forman sous le nez des sbires de Brejnev. Réalisateur, il montrait l’exemple en alternant des films formatés grand public et des œuvres subtilement vouées à l’échec comme «La Débandade» (1999) où il témoignait de son impuissance…
Tourné en 1970, «Le Cinéma de papa» est un film fortement autobiographique d’une grande simplicité, mais très chaleureux. Berri y raconte sa jeunesse avec une émotion assez contenue, mais en faisant preuve de beaucoup d’humour. Elevé par ses parents, artisans fourreurs à Paris, le petit Claude Langmann rêve de devenir acteur, alors que ses parents estiment qu’il reprendra leur affaire. En grandissant, Claude ne désespère pas, tente sa chance et essuie des échecs, jusqu’au jour où il se lance dans la réalisation de son premier film… En redonnant l’atmosphère de son milieu social et familial, le cinéaste décrit les origines de de sa vocation. Une comédie sensible portée par le remarquable Yves Robert!
de Claude Berri
France, 1970, 1h35