Le Chaperon rouge

A voir samedi 1er 2015 à 01h00 sur RTS Un |

LECHAPERONROUGE_web

Produite par la société de Leonardo DiCaprio, cette adaptation de ce joyau tordu de notre tradition orale promettait beaucoup, à la condition que sa réalisatrice Catherine Hardwicke efface complètement de sa mémoire un «Twilight» lissé plus que de raison, qu’elle en revienne à la rage sourde de «Thirteen» (2003), son premier long-métrage, autrement réussi! Las, la cinéaste n’a en rien perdu la mémoire, car elle a enduit son pauvre Chaperon rouge du même romantisme dégoulinant qui, déjà, engluait son adaptation de la saga vampirique de Stephenie Meyer.

Il était une fois dans un village isolé une jeune fille prénommée Valérie (Amanda Seyfried) et promise à un jeune forgeron (Max Irons) aux parents bien nantis. Mais la donzelle en aime un autre, Peter (Shiloh Fernandez), un ami d’enfance, plus beau mais moins fortuné. En cette même époque médiévale et ténébreuse, un loup-garou terrorise la région, jusqu’à tuer en plein jour la sœur de Valérie. Et tout laisse à penser qu’il s’agit d’un habitant du village, c’est du moins ce que prétend le père Solomon (Gary Oldman grimaçant à souhait), un «inquisiteur» dépêché par le clergé pour mettre fin aux exactions de la «bête humaine». Dénoncée par l’une de ses amies, la pauvre Valérie est bientôt accusée d’être la complice du méchant loup-garou… On n’en dira pas plus, pour ne pas gâcher le suspense, bien que la fin du film atteigne des sommets en matière de ridicule!

Hardwicke a donc beaucoup brodé sur le conte d’origine, qui procède pourtant d’une concision merveilleuse, aussi bien chez Charles Perrault que dans la version, déjà édulcorée, rapportée par les frères Grimm. Pour la forme, la cinéaste en a certes conservé la grand-mère et quelques dialogues emblématiques, mais cela ne trompera personne… Comme dans le premier épisode de «Twilight», cette ex-chef décoratrice a surtout imbibé d’eau de rose sa trame horrifique, au point de transformer ce récit d’apprentissage cruel et fondateur en une guimauve percluse de romantisme désuet. Bref, nous sommes très loin de l’interprétation du psychanalyste Bruno Bettelheim, lequel assimilait l’histoire du Chaperon rouge à l’entrée dans l’âge adulte, la couleur rouge valant pour le sang menstruel…

de Catherine Hardwicke
Etats Unis / Canada / Grande-Bretagne, 2011, 1h40