A voir dimanche 18 août 2013 à 20h45 sur France 2 |
Du réalisateur français Safy Nebbou, nous avions assez aimé «Le coup de la girafe» (2004), âpre démêlage d’un écheveau familial sur fond d’Alzheimer, et «L’empreinte de l’ange» (2008), un drame identitaire où deux femmes se disputaient la «propriété» d’une petite fille. Film à costumes bénéficiant d’une distribution prestigieuse, «L’autre Dumas» permet à Nebbou de persister habilement dans ses thèmes de prédilection (l’identité, la méprise, la jalousie), tout en prétendant à d’autres ambitions. Adapté d’une pièce de boulevard à succès («Signé Dumas»), son troisième long-métrage raconte l’étonnante collaboration qui lia durant près de sept ans l’écrivain Alexandre Dumas à son modeste «confrère» Auguste Maquet.
Petit-fils d’une esclave noire de Saint-Domingue, rejeton d’un général métis, Dumas s’est fait traiter de «nègre» à moult reprises par ses adversaires politiques qui ne manquaient pas d’épingler sa chevelure crépue et sa peau plus «brune que nature». Ironie toute linguistique, le célèbre écrivain en eut un de nègre, en la personne de Maquet, être filiforme et un brin psychorigide. Entre 1844 et 1851, Dumas enrôla cet obscur petit prof d’histoire auquel il dictait ses «premiers jets», avant de les reprendre pour leur imprimer «son style». Parfois, Maquet était sommé par son employeur de lui fournir de nouvelles trames historiques à exploiter, ce qui l’autorisa à clamer dans un fameux procès instruit en 1958 qu’il se considérait comme le coauteur des «Trois mousquetaires», du «Comte de Monte-Cristo» et de «La Reine Margot».
Habilement, le cinéaste commence par un quiproquo: en villégiature à Trouville, la séduisante Charlotte (Mélanie Laurent) confond Maquet avec son illustre patron. N’y tenant plus, le scribouilleur usurpe dès lors l’identité du grand Dumas… Ce sera le début de la fin! Même s’il prend passablement de libertés avec la vérité historique, «L’autre Dumas» tient à peu près ses promesses, valant surtout pour la performance de Messieurs Depardieu et Poelvoorde dont le duel ne manque pas d’allure. Avec un petit avantage à l’acteur belge qui joue à merveille le scribouilleur en mal de reconnaissance, conscient à en mourir de sa médiocrité, même s’il ne se l’avouera jamais.
de Safy Nebbou
France, 2009, 1h45