A voir lundi 10 août 2015 à 22h40 sur D8 |
Fernandel campe le rôle d’un moine empreint de bonhomie qui débarque un soir dans une auberge isolée en plein cœur des montagnes. Il y rencontre un groupe de voyageurs ainsi que Pierre et Marie Martin, les propriétaires du troquet. Marie dévoile au moine que la coutume de la maison consiste à assassiner les visiteurs pour les détrousser. Sans chercher à trahir le sombre secret de ses hôtes, le moine tente de sauver la peau des voyageurs.
A l’origine, «L’Auberge rouge» devait être une adaptation du roman éponyme de Balzac qui compose La Comédie humaine. Mis en image au temps du Muet par Jean Epstein, l’histoire est alors remise en chantier pour une version sonore. Pourtant, le projet rencontre des déboires financiers que Claude Autant-Lara contourne en choisissant de raconter une tout autre histoire. S’inspirant d’un fait divers ardéchois des années 1830 (que bon nombre de commentateurs confondent avec le texte de Balzac), le cinéaste coécrit cette histoire avec Jean Aurenche et Pierre Bost, les deux scénaristes-phares de la «qualité française» tant décriée par François Truffaut dans les années 1950.
Subversif et sardonique à plus d’un titre, «L’Auberge rouge» ne lésine ni sur la noirceur des personnalités décrites, ni sur son anticléricalisme, un aspect qui aurait déclenché les foudres d’un Fernandel très pieux. Contrairement au remake dont il a fait l’objet en 2007 (Gérard Krawczyk), ce film ne se contente pas seulement de tirer sur les ficelles de la farce macabre, mais développe une dimension horrifique très poussée. Dans le clair-obscur des scènes nocturnes, les personnages se transforment peu à peu en réels suppôts de Satan. Un an plus tard, Fernandel endosse le costume de Don Camillo. De là à dire que l’acteur expie un péché involontaire, il y a une limite que nous ne franchirons pas!
de Claude Autant-Lara
France, 1951, 1h35