A voir lundi 18 novembre 2013 à 2h05 sur Arte |
Né Jean-Marie Schérer en 1920 à Tulle, mort le 11 janvier 2010 à Paris, Eric Rohmer a fait preuve d’une insolence créative sans pareille tout au long de sa carrière. Professeur de lettres, il anime un ciné-club du Quartier Latin à Paris, fréquenté par de jeunes trublions qui ont pour noms Claude Chabrol, François Truffaut et Jean-Luc Godard. Avec eux, il fomente le soulèvement de la Nouvelle Vague, à la fois comme critique à la revue des Cahiers du Cinéma et réalisateur. Dès 1950, Rohmer tourne son premier film et se consacre dès lors au seul cinéma. Optant pour des petits budgets pour conserver toute sa liberté d’auteur, ce janséniste frondeur va se révéler prolifique, signant une cinquantaine de titres, dont vingt-six long-métrages.
L’œuvre se décline en cycles, à commencer par celui des «Contes moraux», dont le sixième, «Ma Nuit chez Maud» (1969) lui vaut son premier succès public. Rohmer enchaîne ensuite avec la série des «Comédies et proverbes», qui culmine avec «Les nuits de la pleine lune» (1984) où rayonne la regrettée Pascale Ogier, et à laquelle appartient «L’Ami de mon amie»… «Les amis de mes amis sont mes amis.» Enfin, chez Rohmer, les choses ne sont évidemment pas aussi simples. Ultime variation du cinéaste sur les proverbes (stupides) en forme de chassé-croisé amoureux, «L’Ami de mon amie» offre à la fois un pur plaisir cinéphile et un regard subtil sur les relations humaines.
A Cergy-Pontoise dans le Val-d’Oise, Blanche travaille à la mairie. Un jour, elle rencontre Léa à la cantine, qui vit avec Fabien. A la piscine, elles rencontrent Alexandre, un homme séduisant qui sort avec Adrienne. Mais ce dernier soupire après Léa… Faisant évoluer ses personnages dans une succession de déplacements et de rencontres superbement dialoguées, Rohmer les fait tourner en rond, effectuant ainsi un parallèle saisissant entre le récit et les émotions. Grâce à son art prodigieux de la parole qui prend malicieusement au piège ses jeunes protagonistes, ce film révèle une telle fraîcheur qu’il en appellerait presque à lui seul le printemps!
de Eric Rohmer
France, 1987, 1h42