L’Ami américain

A voir mercredi 29 juillet 2015 à 23h15 sur Arte |

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Trois grands films ont établi la réputation de Wim Wenders: «Alice dans les villes» (1973), «Au fil du temps» (1976) et «L’Ami américain» (1977). Sixième long-métrage du cinéaste allemand, qui n’a alors que trente-et-un ans, «L’Ami américain» n’a aujourd’hui rien perdu de son pouvoir de fascination.

Condensant très librement deux romans de Patricia Highsmith («Ripley s’amuse» et «Ripley et les ombres»), ce faux polar s’attache aux pas chancelants de Jonathan Zimmermann (Bruno Ganz), un encadreur et restaurateur de tableaux qui vit à Hambourg avec sa femme Marianne (Lisa Kreuzer) et leur jeune fils Daniel.

Depuis un certain temps, Zimmermann se sait atteint de leucémie. Lors d’une vente aux enchères, le voilà qui fait la connaissance de Tom Ripley (Dennis Hopper), versé dans le trafic de faux tableaux exécutés à New York, par un peintre borgne (joué par le cinéaste étasunien Nicholas Ray dont Wenders filmera l’agonie trois ans plus tard dans son sublime «Nick’s Movie»).

Apprenant la maladie de Zimmermann, Ripley en informe l’un de ses contacts dans le milieu criminel, le français Raoul Minot (Gérard Blain). Ce dernier propose alors à Zimmermann de commettre un meurtre, en contrepartie de 250’000 deutschemarks, une somme d’argent qui lui permettrait d’assurer une sécurité financière à sa femme et son fils, après sa mort.

Zimmermann finit par céder et accepte de tuer un membre de la mafia qu’on lui désignera, sans autre forme de procès. Cet Allemand bien tranquille est ainsi propulsé dans un univers totalement nouveau pour lui, déshumanisé et violent. Coiffé de son fameux stetson, «L’Ami américain (Ripley) va dès lors faire figure d’ange-gardien, mais jusqu’à quel point ?…

Plus que le thriller en lui-même, et son intrigue dont on ne nous livrera que quelques bribes, c’est le comportement d’un homme acculé qui passionne Wenders… Amis cinéastes chers à ce dernier, les regrettés Daniel Schmid, Jean Eustache et Samuel Fuller campent dans ce film à nul autre pareil des silhouettes inquiétantes à souhait… On ne s’en lasse pas!

Der amerikanische Freund
de Wim Wenders
France/Allemagne, 1977, 2h06