A voir lundi 7 mars 2016 à 13h35 sur Arte |
De son vrai nom Manó Kertész Kamine, le cinéaste américain d’origine hongroise Michael Curtiz (1886-1962) est une véritable légende du septième art. Quittant l’Europe en 1926, après avoir contribué à la «naissance» du cinéma magyar, il s’est imposé à Hollywood dans les années trente en dirigeant des stars comme Errol Flynn, James Cagney, Spencer Tracy ou Humphrey Bogart.
On a dit de Michael Curtiz qu’il est un cinéaste dépourvu de style, un artisan capable de se mouler dans tous les genres cinématographiques exploités par la Warner Brothers (westerns, épopées maritimes, films de gangsters, comédies…), la «Major» pour laquelle le réalisateur de «Casablanca» tourna quelque quatre-vingt films, à un rythme infernal (jusqu’à quatre par année)! En comparaison du tout aussi prolifique Raoul Walsh (1887-1980), ce jugement peut paraître fondé, il n’empêche que Curtiz avait un sens visuel flamboyant que «L’Aigle des mers» rend absolument palpable.
En 1585, un climat d’hostilité nourrit les relations entre l’Angleterre et l’Espagne alors que Philippe II prépare l’Invicible Armada destinée à envahir l’ennemi. Fierté de la flotte anglaise, le capitaine Geoffrey Thorpe (Errol Flynn), surnommé «l’Aigle des mers», est investi par la Reine d’une mission de la plus haute importance: déstabiliser la flotte espagnole…
Après les triomphes des «Aventures de Robin des bois» (1938) et «La Vie privée d’Elisabeth d’Angleterre» (1939), Errol Flynn et Michael Curtiz remettent le couvert pour leur dixième collaboration. Librement adapté du roman «The Sea Hawk» de Rafael Sabatini, ce film d’aventures fait mine d’aborder l’Histoire en l’enrichissant d’un discours contemporain. En effet, réalisé en 1940, «L’Aigle des mers» soulève évidemment la menace que représente les nazis.
Si cette toile de fond historique à son importance, c’est surtout la maîtrise visuelle du cinéaste qui fait tout le sel de ce métrage. Après «Captain Blood» (1935), un premier film de pirates, Curtiz atteint des sommets de mise en scène lors des séquences d’action et d’abordage, filmées avec un panache et un savoir-faire rares. Un petit miracle artisanal capable de faire pâlir la surenchère d’effets numériques de la franchise «Pirates des Caraïbes».
The Sea Hawk
de Michael Curtiz
Etats-Unis, 1940, 1h48