La Vengeance de l’Aigle noir

A voir dimanche 29 novembre 2015 à 0h20 sur France 3 |

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Chantre du cinéma populaire, l’éblouissant Riccardo Freda (1903-1999) nous a légué une œuvre prolifique (quarante-sept films) qui emprunte successivement à tous les genres: film de cape et d’épée bondissant («Don César de Bazan», 1942), mélodrame flamboyant («Le Passé d’une mère», 1951), film d’épouvante («L’Effroyable Secret du Dr. Hitchcock, 1962), péplum sublime («Maciste en Enfer», 1962), film d’espionnage à peine parodique («Coplan FX18 casse tout», 1965), etc.

Désavoué par ses producteurs, Freda se voit contraint dès le mitan des années 1950 de travailler sur des films à petit budget, ressortant quasiment du cinéma bis, qu’il réalisa sous pseudonyme. Homme d’une très grande culture, le réalisateur des «Deux orphelines» déniait au septième art toute dimension intellectuelle, prônant un cinéma physique, de pure sensation. Ce parti-pris, dans un contexte de production marquée par le néo-réalisme lui a valu une oprobe des critiques qui peinèrent à reconnaître son talent, sinon son génie de la mise en scène!

Le fastueux «La Vengeance de l’Aigle noir» (1951) est l’une des dernières productions où Freda disposa de moyens à la mesure de ses ambitions. Remake du film muet que le réalisateur américain Clarence Brown tourna en 1925 avec Rudolf Valentino dans le rôle principal, le quatorzième long-métrage du cinéaste italien tire sa substance d’une nouvelle de Pouchkine… Après cinq ans passés à faire la guerre, Wladimir (Rossano Brazzi), surnommé l’Aigle noir, retrouve son château pillé et sa famille exterminée. Recherchant les coupables, il fait enlever la belle Tatiana (Gianna Maria Canale) pour s’en servir comme appât. Le gentilhomme sera pris à son propre piège…

Ce pur chef-œuvre enchaînant les péripéties à un rythme effréné contient l’un des plus beaux plans jamais tourné par Freda. On y voit le petit garçon de l’Aigle noir traversant la salle du banquet, encore inconscient du piège fatal que lui tend le Prince Youravleff… C’est pour ce genre de magnificence que l’on vénérera ad aeternam ce cinéaste injustement sous-estimé!


La Vendetta di Aquila Nera

de Riccardo Freda
Italie, 1951, 1h37