La Vengeance dans la peau

A voir dimanche 22 janvier 2017 à 22h50 sur NT1 |

Avec «La vengeance dans la peau», la saga adaptée des livres de l’écrivain américain Robert Ludlum poursuit et achève une rénovation efficace et souvent passionnante du film d’espionnage.

Formé par les services de l’Etat à être un tueur modèle, sans état d’âme ni mémoire, Jason Bourne (Matt Damon) avait tout du collaborateur type d’une multinationale. Ce genre d’impertinence fait tout le prix de cette nouvelle variation d’un genre très codé, empoussiérant d’un coup la figure tutélaire de James Bond restée envers et contre tout gardienne d’un certain idéalisme typique des années cinquante, en dépit de la performance mutique et très physique de Daniel Craig, dernier 007 en date.

Au cours des deux premiers épisodes, «La mort dans la peau» («The Bourne Supremacy») et «La mémoire dans la peau» («The Bourne Identity»), Bourne s’était spectaculairement rebiffé contre ce destin programmé, plutôt rétif à servir aveuglément la patrie. Dans ce troisième volet, Jason poursuit sa réappropriation de lui-même. Repéré par les sbires de la CIA, il doit en même temps anticiper sur leur entreprise d’élimination et persévérer dans la recherche de son identité, ce qui va donner quelques sueurs froides à ses concepteurs.

Réalisé par le cinéaste britannique Paul Greengrass, auquel avait déjà été confiée la réalisation de «La mémoire dans la peau», ce nouvel épisode permet au réalisateur de «Vol 93» de poursuivre une réflexion très originale sur l’idéalisme du tout électronique, ce rêve d’ubiquité totale que la silhouette pixellisée de Ben Laden met à elle seule en échec. Sans jamais nuire au rythme haletant de son thriller, Greengrass perturbe le logiciel de notre société de contrôle par le simple désir d’un homme qui cherche à s’appartenir. Se privant à dessein des facéties irréalisantes du numérique, en ayant recours à des figures éprouvées du cinéma documentaire, tels les plans filmés en caméra portée, il confère à sa mise en scène une sensation de présence qui tranche complètement sur les blockbusters habituels.

The Bourne Ultimatum
de Paul Greengrass
Etats-Unis / Allemagne, 2007, 1h56