La Valse de l’empereur

A voir samedi 30 août 2014 à 08h20 sur RTS Un |

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D’origine viennoise, l’Américain Billy Wilder (1906-2002) n’est pas le cinéaste d’une seule scène, certes mythique (la robe de Marilyn soulevée par l’air d’une bouche d’aération du métro bien placée dans «Sept ans de réflexion»), bien loin de là! Observateur attentif des hypocrisies ordinaires, Wilder a réalisé quelques-uns des joyaux de la comédie américaine d’après-guerre ainsi qu’un chef-d’œuvre du film noir, «Assurance sur la mort» (1944).

Né à Sucha (une ville polonaise alors austro-hongroise), fils d’un hôtelier à Vienne, Billy Wilder (1906-2002) a commencé par faire du journalisme. Le futur réalisateur de «Boulevard du Crépuscule» travaille ainsi pour un journal viennois où il est commis au sport et aux faits-divers. Il y rédige également des critiques de cinéma. S’installant à Berlin, Billy (qui doit ce diminutif à sa mère qui adorait les Etats-Unis) gagne sa vie comme gigolo dans un hôte de luxe. Entre deux pas de danse mondaine, il écrit des romans-feuilletons pour un tabloïd berlinois. Alors que le cinéma muet allemand vit ses grandes heures, il œuvre aussi pour des scénaristes surchargés de travail, comme Siodmak.

Crédité au générique du film collectif «Les Hommes le dimanche» (1930) de Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer, manifeste du courant dit de «la nouvelle objectivité» qui prétend faire retour au réalisme histoire de se guérir des excès (sublimes) de l’expressionnisme, Wilder est engagé comme scénariste par la Universum Film où il collabore à l’écriture du scénario du film pour enfants «Emile et les détectives» (1931) de Gerhard Lamprecht.

Hélas pour lui, Adolf Hitler prend alors le pouvoir. Du fait de ses origines juives, Wilder préfère s’exiler en France où il peut faire des débuts de réalisateur avec «Mauvaise graine» (1934), puis passe aux Etats-Unis où il travaille comme scénariste, avant de réaliser nombre de chefs-d’œuvre. Tourné juste deux avant le cultissime «Boulevard du crépuscule» (1950), «La Valse de l’empereur» n’est certes pas un grand film, mais Wilder effectue avec cette comédie musicale un retour surprenant dans l’Autriche-Hongrie du début du 20ème siècle. A travers l’histoire de un inventeur new-yorkais (Bing Crosby) qui tente vainement d’intéresser l’empereur François-Joseph (Richard Haydn) avec son phonographe et tombe amoureux d’une comtesse (Joan Fontaine), le cinéaste raille à sa façon les préjugés étasuniens à propos du Vieux Continent, ce qui rend a posteriori le film moqueur vis-à-vis du genre, ses décors et ses costumes en Technicolor.

The Emperor Waltz
de Billy Wilder
Etats-Unis, 1948, 1h46