La Tête haute

A voir dimanche matin à Neuchâtel |

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Après «Elle s’en va» (2013), la réalisatrice française Emmanuelle Bercot raconte dans «La tête haute» la dérive inéluctable d’un adolescent difficile, des centres éducatifs jusqu’en prison: fils aîné d’une mère paumée (Sara Forestier) de la banlieue de Dunkerque, Malony (Rod Paradot) vole des voitures. Ses rendez-vous devant la juge (Catherine Deneuve), les avocats, les procureurs et les services sociaux se succèdent, ce qui n’atténue en rien ses accès de colère. En décrochage affectif et scolaire, le jeune homme peine à prendre sa vie en main, malgré les soutiens de son amoureuse et d’un éducateur (Benoît Magimel), lui-même enfant de la balle.

Rivée à son personnage en perte de repères, dont elle exprime toutes les émotions en le cadrant de très près, Emmanuelle Bercot décrit le parcours type du petit délinquant. Si la trajectoire peut paraître caricaturale, elle est sans doute symptomatique d’une réalité mal connue. Ce faisant, la co-scénariste de «Polisse» (2010, de Maïwenn) raconte avec simplicité et précision les rouages du système judiciaire et le dur labeur des éducateurs.

«La tête haute» fait figure de chronique sociale convulsive et sincèrement admirative pour ses protagonistes, bien qu’une tension sans faille révèle des adolescents et parents prisonniers de relations impossibles à satisfaire. Au final, le film atteint même une forme d’apaisement, à la faveur de séquences clipesques rassembleuses d’une jeunesse portée par un grand courage et une capacité de résilience étonnante, des qualités qui semblent justement faire défaut aux adultes.

de Emmanuelle Bercot
France, 2015, 2h