A voir jeudi 19 février 2015 à 22h10 sur RTS Deux |
Le quatrième long-métrage du réalisateur australien John Hillcoat raconte la survie problématique d’un père et de son fils après une catastrophe qui semble avoir gommé la notion même de civilisation. A l’origine, «The Road» est un roman du romancier américain Cormac McCarthy, qui a décroché le Prix Pulitzer en 2007. Immense écrivain, obsédé par la problématique sans fin de la fondation de l’état de droit par la violence, McCarthy a consacré deux romans clefs à ce véritable péché originel qui a pourri l’utopie du Nouveau Monde. Il s’agit du terrible «Méridien de sang» dont Hillcoat s’est juré de faire aussi l’adaptation, et «Non, ce pays n’est pour le vieil homme» («No Country for Old Men), récemment porté à l’écran par les frères Coen. Malgré un épilogue apaisant, «The Road» mondialise en quelque sorte le propos pessimiste de ces deux livres très recommandés. Dans sa transposition, Hillcoat respecte le principe angoissant du roman: nous ne saurons rien ou presque des raisons de la catastrophe dont nous supputons qu’elle a frappé la terre entière, renvoyant l’être humain à un état de sauvagerie «barbare».
Un père (Viggo Mortensen) et son jeune fils (Kodi Smit-McPhee) cheminent dans un univers dévasté, déserté par le soleil. Au cours d’une scène d’un calme terrifiant, l’adulte montre à l’enfant comment se tirer une balle dans la bouche, le cas échéant. Dans un univers en proie au cannibalisme, suite à la disparition complète du végétal et de l’animal, ce genre de conseil est hélas «compréhensible». Par le biais d’un terrible retour en arrière, le cinéaste nous fait savoir que la mère (Charlize Theron) a refusé de continuer à vivre dans ces conditions. Le reste est à l’envi dans ce paysage de catastrophe postindustrielle qui n’est pas si éloigné de certains lieux «désaffectés» que nous connaissons aujourd’hui. Ce sentiment de proximité ajoute au trouble que procure ce film très inconfortable.
The Road
de John Hillcoat
Etats-Unis, 2009, 1h59