La Main du diable

A voir lundi 9 février 2015 à 0h25 sur France 2 |

la-main-du-diable_WEB

Père du grand cinéaste Jacques Tourneur, qui tournera dans les années cinquante des films noirs et des westerns mémorables, le trop méconnu Maurice Tourneur (1876-1961) œuvre tout d’abord dans le domaine du livre d’art, travaillant notamment avec Rodin, avant de rejoindre la troupe du metteur en scène André Antoine qui révolutionna la pratique du théâtre au début du vingtième siècle.

Attiré par le cinéma, Tourneur père est envoyé dès 1911 par la société française Eclair aux Etats-Unis où il commence à tourner des films dont les préoccupations esthétiques tranchent sur la production de l’époque. Suite à un différent avec la MGM, qui l’avait engagé pour tourner «L’Île mystérieuse» d’après Jules Verne, Tourneur rentre en France, où il va s’adapter de façon admirable aux nouvelles exigences du parlant, après avoir rencontré quelques problèmes dus à son statut d’objecteur de conscience dont il s’était prévalu pendant la Première Guerre mondiale.

Après une malheureuse expérience en Allemagne, qui lui permet cependant de diriger Marlène Dietrich dans l’un de ses premiers rôles, Tourneur revient à Paris et tourne alors ses pièces maîtresses: «Au Nom de la Loi» (1932), un policier réaliste d’une modernité assez inouïe, «Justin de Marseille» (1935), film noir à la française, «Volpone» (1941), avec Louis Jouvet, Harry Baur et Charles Dullin, devenu un classique, ou encore le film fantastique «La Main du Diable» (1942), réalisé à quatre mains avec le cinéaste Jean Devaivre.

Serrant contre lui une mystérieuse boîte, Roland Brissot (Pierre Fresnay) fait une halte dans un relais de montagne. Un orage éclate, provoquant une coupure générale d’électricité. Mais lorsque le courant revient, la boîte a disparu et Brissot se voit contraint de raconter son histoire aux nombreux voyageurs attablés au restaurant du gîte… Basé sur le mythe de Faust, «La Main du diable» développe dans une dimension très réaliste, voire comique, le rapport qui lie le personnage de Brissot avec son inquiétant colis. Suggérant l‘horreur plus qu’il ne la montre, Maurice Tourneur contourne l’image folklorique du diable rouge doté de cornes et d’une queue pointue et réussit un admirable film d’atmosphère, dont certaines compositions empruntent aux chefs-d’œuvres expressionnistes que sont «Le Cabinet du docteur Caligari» (Robert Wiene, 1920) ou «Nosferatu» (F.W. Murnau, 1922).

de Maurice Tourneur
France, 1942, 1h18