La Liste de Schindler

A voir samedi 13 décembre 2014 à 22h10 sur Rouge TV |

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L’obsession majeure de Steven Spielberg, comme il l’a déclaré lui-même à plusieurs reprises, c’est d’être pris au sérieux, d’être considéré comme un cinéaste adulte et donc conscient de la portée de ses actes. Sorti en 1994, «La Liste de Schindler» devait être l’œuvre maîtresse, à même de concrétiser cette ambition! On y découvre comment l’industriel allemand Oskar Schindler a sauvé 1100 Juifs de la mort pour faire tourner son usine d’armement et peut-être par conviction…

Pour évoquer la réalité indicible de la solution finale, Spielberg a donc centré son propos sur l’un des très rares Allemands à avoir tenté de sauver des vies. Ce faisant, il enclenche un processus d’identification qui purge agréablement le spectateur d’un sentiment d’impuissance pourtant fondamental par rapport au devoir de mémoire. Cette façon d’enclencher le moteur ronronnant de la catharsis n’est de fait pas très responsable.

Si le film reste assez puissant dans sa première partie (notamment dans sa description du ghetto de Cracovie), la seconde devient franchement douteuse. Spielberg pousse en effet très loin le bouchon en créant un suspense complètement déplacé autour des chambres à gaz. Pour rappel, la scène montre des déportées sur le point d’être gazées, et c’est de l’eau qui coule des douches… Dans son très beau «Eloge de l’amour» (2001), Jean-Luc Godard a allumé Spielberg «qui n’a même pas payé Madame Schindler pour avoir le droit de raconter l’histoire de son mari».

Schindler’s List
de Steven Spielberg
Etats-Unis, 1993, 3h15