La Leçon de piano

A voir mardi 25 mars 2014 à 13h45 sur Arte |

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En 1852, Ada (Holly Hunter) débarque en Nouvelle-Zélande avec sa fille Flora (Anna Paquin) pour partager la vie d’un colon britannique. Celui-ci oblige sa femme muette à abandonner sur la plage son piano, l’objet qu’elle chérit le plus au monde… Trop lourd à transporter! Baines (Harvey Keitel), contremaître de Stewart, récupère l’instrument. Conscient de son importance, il l’installe dans sa cabane et propose ensuite à Ada un étrange marché: elle pourra venir chez lui «regagner» son précieux piano à condition qu’elle se soumette à tous ses désirs…

La cinéaste néo-zélandaise Jane Campion revendique dans ce film (Palme d’Or à Cannes en 93) une vision du 19e siècle anglo-saxon des plus fidèles, tout de silences et de non-dits soudain brisés par les éclats de la violence. Elle décrit avec minutie cette ère victorienne où les passions les plus fortes sont étouffées par le paraître, où la femme qui veut s’en libérer est très vite exclue et considérée comme folle — ou alors se doit de rester silencieuse.

Veuve, Ada a justement perdu l’usage de la parole; son piano est ainsi le «porte-parole» de ses désirs, à la fois son arme et sa langue. Cette variation sur la condition de la femme et le désir dessine une réflexion métaphorique sur la «communication»: «La Leçon de piano» de Jane Campion dévoile les moyens utilisés par la société — aidée en cela par la Religion — pour laisser les hommes dans le silence et l’ignorance (du sexe, en particulier), et les tentatives courageuses — souvent féminines — pour échapper à cette censure.

Compositeur fétiche de Peter Greenaway, l’Anglais Michael Nyman a composé une musique envoûtante et répétitive qui convient admirablement. Las, ce merveilleux flux musical sera mutilé à jamais par un petit bruit dérangeant, celui produit par le doigt-prothèse d’Ada, punie par son mari jaloux.

The Piano
de Jane Campion
Nouvelle-Zélande / Australie / France, 1993, 2h01