La Fiancée syrienne

A voir lundi 3 août 2015 à 15h25 sur Arte |

la-fiancee-syrienne_WEB

Prix du public à Locarno en 2004, «La Fiancée syrienne» est une comédie mélodramatique inspirée de faits réels. Auteur des «Citronniers», le cinéaste israélien Eran riklis y renvoie dos-à-dos tous les politiciens et chefs militaires qui, dans cette région tourmentée par la guerre, jouent avec les hommes et les territoires comme à la poupée.

Le film commence le jour de l’arrivée au pouvoir en Syrie de Bachar El-Assad, porteur d’un espoir d’ouverture pour tout le Proche-Orient. Au sein de la communauté druze installée sur le plateau du Golan, occupé par les Israéliens, la jeune et belle Mona a été fiancée par sa famille avec une star de la télé syrienne qu’elle n’a encore jamais rencontrée. Le jour de son mariage est à la fois heureux et dramatique car, pour épouser son futur mari, elle devra passer la frontière en robe blanche. Mais une fois devenue syrienne, elle ne pourra plus revenir en territoire israélien pour voir les siens.

Condensé dans cette seule journée du mariage, «La Fiancée syrienne» met en scène à la fois l’absurdité politique de la frontière (les multiples visas et tampons que la fiancée doit péniblement obtenir sur son passeport pour pouvoir aller se marier) et la souffrance humaine qu’elle représente (le mariage symbolise autant la réussite que la déchirure pour la famille de la fiancée). Mais le film dénonce aussi l’absence de liberté d’une société encore très patriarcale où les femmes n’ont guère le droit de cité!

Ainsi, le personnage-clef est moins la fiancée que sa propre sœur, Amal (Hiam Abbas), ombre noire qui cherche à lutter contre les absurdités politiques autant que contre sa famille qui oblige sa sœur à se marier avec un inconnu. Coécrit par la scénariste arabe israélienne Suha Arraf, nourri par de nombreuses recherches dans les territoires occupés, «La Fiancée syrienne» se regarde à la façon d’une comédie sociale à la Capra: avec un indéniable plaisir, mais en laissant un goût de révolte…

Ha-kala ha-surit
de Eran Riklis
Israël, 2004, 1h36