A voir mardi 28 juin 2016 à 13h35 sur Arte |
Comme son compatriote Charlie Chaplin avec «Le Dictateur» (1940), Alfred Hitchcock, sujet de sa Majesté, a tourné plusieurs films pour inciter les Etats-Unis à entrer en guerre contre l’Allemagne nazie. Réalisé deux ans après «Correspondant 17», dont l’intrigue se déroulait en Europe et qui appelait ouvertement l’Amérique à fournir des armes à la Grande-Bretagne, «Cinquième colonne» («Saboteur», 1942) accentue la pression en montrant que l’ennemi est déjà en train d’infiltrer les Etats-Unis!
Reprenant l’un de ses thèmes favoris (le faux coupable), Hitchcock l’applique non sans génie au film de propagande. Employé d’une usine d’aviation, Barry Keane (Robert Cummings) est accusé à tort d’avoir saboté l’atelier où il travaillait. Lui seul connaît le vrai coupable, un certain Frank Fry (Norman Lloyd). Avec une jeune femme (Priscilla Lane) qui croit à son innocence, Keane tente de démasquer le vrai coupable en accumulant les mauvais choix, comme dans un film noir, même s’il réussit à révéler l’existence de la «cinquième colonne», une association criminelle d’Américains ralliés à la cause nazie, sous la houlette du machiavélique Otto Kruger (Charles Tobin).
De façon virtuose, Hitchcock met en scène l’affrontement final et très vertigineux au sommet de la Statue de la Liberté, jouant du symbole avec gourmandise. Ses films de propagande sont très passionnants dans le sens où ils révèlent de façon plus directe son génie de la manipulation du spectateur, exerçant un contrôle sans faille de son public. Plus fort que Napoléon et Hitler réunis, disait Godard!
Saboteur
de Alfred Hitchcock
Etats-Unis, 1942, 1h48