A voir mardi 10 mai 2016 à 1h15 sur France 2 |
Le 1er novembre 1954, à Ghassira dans les Aurès, un couple d’instituteurs français et un caïd local sont victimes d’un attentat. C’est le début de la guerre d’indépendance d’Algérie. Cinquante ans plus tard, Malek Bensmaïl revient dans le village et filme le quotidien d’une classe de primaire. L’instituteur interroge des élèves assez peu concernés par leur histoire et l’apprentissage d’un quelconque savoir. La colonisation et la révolution semblent désormais appartenir à un passé obscur que le cinéaste s’efforce de dépoussiérer, à grand renfort de discours officiel. Le prophète Mahomet nous dit: «Recherchez le savoir, et s’il le faut, jusqu’en Chine». Mais dans ce cas, «La Chine est encore loin».
Le cinéaste quitte alors la salle de classe pour rencontrer les anciens moudjahidin et les élèves de l’instituteur assassiné qui se rappellent avec émotion l’homme et le soulèvement de 1954. Mais leurs souvenirs ne correspondent pas toujours aux faits enseignés aux jeunes générations. On apprend alors avec étonnement que l’instituteur serait mort à cause d’une bavure. Enfin, il y a Rachida, concierge silencieuse de l’école qui n’a plus de larmes pour pleurer. Elle est la seule femme du village à travailler en dehors de son foyer et raconte une vie entière de désamour et de solitude.
Malek Bensmaïl interroge le passé afin d’apporter une lumière nouvelle sur le présent. Force est de constater que l’avenir des enfants de Ghassira n’a rien de radieux. Chômage et pauvreté règnent en maîtres tandis que le rapport avec la France reste ambigu, tiraillé entre l’enseignement omniprésent du français et la célébration des actes révolutionnaires. Ce regard sur l’Algérie contemporaine, le cinéaste le pose sans jugement, ni moquerie, mais plutôt avec une sorte de désenchantement glacial qui fait toute la beauté de ce documentaire.
de Malek Bensmail
France, 2007, 2h10