A voir dimanche 2 août 2015 à 22h00 sur D8 |
Le fait divers sordide, qui vit les sœurs Papin assassiner en 1933 leurs maîtresses de maison après les avoir énucléées et scarifiées, inspira nombre romans, films et écrits scientifiques, notamment à Lacan. La presse hexagonale s’affronta quant à elle par chroniques interposées pour définir si le crime était une manifestation héroïque de la lutte des classes, ou s’il s’agissait tout simplement d’une revanche barbare et inhumaine; la férocité de l’acte ne favorisant pas la thèse du geste purement politique.
Le sujet ne pouvait échapper à Chabrol qui se plaît à orchestrer l’effondrement de la bourgeoisie par l’introduction d’éléments machiavéliques voire sordides dans ses films, leur conférant des contours presque horrifiques. Ces déclencheurs sont en général personnifiés par une actrice: Isabelle Huppert. Dans «L’Ivresse du pouvoir», «Merci pour le chocolat», «Rien ne va plus» et, pour la première fois, dans «La Cérémonie», adapté du roman de Ruth Rendell, «L’Analphabète».
Après quelques semaines au service de la famille Lelièvre, qui exerce sur elle une oppression tout en douceur, Sophie (Sandrine Bonnaire), une jeune femme renfermée et qui se révèle analphabète, fait la rencontre Jeanne (Huppert), postière dans le village voisin. L’influence de Jeanne sur Sophie déplaît aux Lelièvre, et pour cause! En amie démoniaque et convaincante, Jeanne réveille en Sophie une révolte qui, plus que sociale, est existentielle. Il s’agira alors de faire sa place. Impuissant, le spectateur assiste à l’escalade des tensions qui mènent à la tragédie inéluctable… Glaçante cérémonie!
de Claude Chabrol
France, 1995, 1h45
