Johnny s’en va-t-en guerre

A voir mercredi 5 mars 2014 à 2h20 sur Arte |

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S’il ne devait rester qu’un seul film de guerre, «Johnny s’en va-t-en guerre» serait un choix indiscutable. La Première Guerre mondiale touche à sa fin et Johnny, un jeune soldat américain, fait ses adieux à sa fiancée pour rejoindre le front européen. Gravement amoché par un obus, il se réveille à l’hôpital, amputé des quatre membres, aveugle et muet. Mais sous son linceul blanc, ce tronc que le corps médical envisage d’utiliser comme cobaye reste capable de penser, ressentir et se souvenir…

Ecrivain et scénariste de nombreux films, Dalton Trumbo publie «Johnny Got His Gun» (titre original) deux jours avant le début de la Seconde Guerre mondiale. En 1971, alors que les Etats-Unis se livrent à une terrible guerre au Vietnam, l’auteur revêt pour la première et dernière fois la casquette de réalisateur et porte à l’écran cette histoire brûlante d’actualité.

Pamphlet anti-militariste, ce récit dénonce également les conceptions cliniques et déshumanisées de la science. Prisonnier de son corps, Johnny n’a que sa voix intérieure pour hurler son impuissance. Restituées avec grande pudeur, les scènes d’hôpital en noir et blanc ne font jamais dans le sensationnalisme (aucune mutilation n’est montrée), et l’auteur contrebalance le malaise qui grandit progressivement en alternant l’insoutenable condition de Johnny avec ses souvenirs, ses rêves et ses cauchemars, filmés quant à eux en couleur. Un réquisitoire contre l’absurdité de la guerre d’une absolue nécessité.


Johnny Got His Gun

de Dalton Trumbo
Etats-Unis, 1971, 1h50