A voir mardi 29 décembre 2015 à 20h55 sur NRJ12 |
Jetant aux orties la défroque du terrible Mister Bean, Rowan Atkinson endosse aujourd’hui celle de Johnny English, agent très problématique des Services secrets britanniques. Cet ersatz peu concluant de James Bond est confronté à l’affaire la plus délicate qu’il n’ait jamais eu à traiter au cours de sa brillante carrière. Il s’agit de récupérer morts ou vifs les joyaux de la couronne qui ont été dérobés par le fourbe Sauvage (John Malkovich), un milliardaire français évidemment.
Au cours de sa mission, English joint l’utile à l’agréable en serrant de près la très charmante Nathalie Imbruglia… Parodie vient du mot grec «parôdia» qui signifie «chant à côté». Au cinéma, la parodie consiste à démonter (le plus souvent) sur le mode burlesque les mécanismes et les procédés d’un genre cinématographique connu. Les spécialistes font remonter le premier film parodique à 1915. Cette année-là, un certain Charlie Chaplin se moque ouvertement dans Charlot joue Carmen des deux premières adaptations cinématographiques de l’œuvre de Bizet (et Mérimée) sortis le même jour aux Etats-Unis (le 1er novembre 1915) et respectivement signées Raoul Walsh et Cecil B. DeMille.
Tout film parodique exige une connivence entre le spectateur (qui doit connaître le matériau filmique parodié) et le réalisateur. Dans cet esprit, Rowan Atkinson souscrit à cette règle d’or de la parodie en détournant de façon plus ou moins subtile tous les tics des films d’espionnage (ceux de James Bond en particulier)… Il n’en reste pas moins très en deçà d’un Mel Brooks, qui a construit toute son œuvre sur le cinéma parodique – «Frankenstein Junior» (1974), «Le shérif est en prison» (1974), «Le grand frisson» (1977), etc..
Même s’il proclame urbi et orbi avoir trouvé sa vocation d’amuseur à la vision des «Vacances de Monsieur Hulot» (1953) de et avec Jacques Tati, notre grimaçant ex-Mister Bean n’arrive pas vraiment à la cheville d’un Harry Langdon (1884-1944) dont il s’est manifestement beaucoup inspiré. Reprenant à son compte le côté hésitant et méfiant (face au réel et aux femmes) de l’un des poètes les plus purs de toute l’histoire du cinéma comique, Sir Atkinson ne dépasse guère le stade de la plate copie…
de Peter Howitt
France / Etats-Unis / Grande-Bretagne, 2002, 1h30