A voir mardi 11 novembre 2014 à 0h00 sur Arte |
Affilié au courant impressionniste, Abel Gance est l’un des inventeurs du langage cinématographique moderne, aux côtés de D.W. Griffith et Serguei E. Eisenstein. Il a signé une œuvre emprunte d’un romantisme exacerbé, conviant des acteurs de grande renommée (comme Max Linder ou Séverin Mars) à collaborer à ses ambitieux projets. Inventeur de plusieurs procédés techniques, dont les dispositifs précurseurs du CinémaScope et du son stéréophonique, Abel Gance nourrissait des ambitions gargantuesques qu’il n’a pu réaliser, faute de moyens financiers, qu’à travers «J’accuse» (1917) «La Roue» (1923) et «Napoléon» (1927).
«J’accuse» raconte la Première Guerre mondiale, ses bourreaux, ses victimes et ses fantômes. Dans les tranchées combattent deux hommes aux tempéraments diamétralement opposés. Jean Diaz est un grand optimiste, qui écrit des poèmes, tandis que François Laurin est un paysan animé d’une colère irrépressible. Ils ont cependant en commun leur amour pour Edith, l’épouse de François, qui porte l’enfant d’un viol commis par un soldat allemand…
Dépassant complètement le cadre de la contestation guerrière, Abel Gance réalise une fresque audacieuse, n’hésitant pas à faire de l’ombre aux élans patriotiques et à mettre en avant la légèreté des mœurs qui va caractériser les années folles à venir. Au détour de descriptions naturalistes, le film atteint des sommets d’onirisme, notamment lors de l’époustouflante marche des morts-vivants. Un monument du muet!
de Abel Gance
France, 1919, 2h46