A voir mercredi 9 novembre 2016 à 20h55 sur RTS Deux |
Cinéaste engagé au style rythmé et volontiers provocant, Oliver Stone s’est fait une réputation en fouaillant les plaies béantes de l’histoire récente des Etats-Unis: l’interventionnisme américain dans «Salvador», la guerre du Vietnam dans «Platoon», «Né un quatre juillet» et «Entre ciel et terre», ou encore la dérive des médias et le pouvoir des images dans «Talk Radio» et l’implacable «Tueurs nés». En 1992, il explore les voies corrompues des politiques et de la finance dans le monumental «JFK», dans lequel il n’hésite pas refaire l’Histoire en reconstituant l’enquête dantesque menée par le procureur Jim Garrison à la suite de l’assassinat de Kennedy.
Convaincu que la mort de Kennedy dépasse largement les conclusions du rapport Warren et que le tireur Lee Harvey Oswald n’a pas pu agir en solitaire, Jim Garrison met toute son énergie à élucider les mystères qui entourent cette affaire rapidement enterrée et commence à croire que les grandes agences gouvernementales de renseignement américaines ont probablement eu un grand rôle à jouer dans la mort du président…
La manipulation médiatique qu’Oliver Stone dénoncera trois ans plus tard dans «Tueurs nés» est ici à son paroxysme. A travers ce film, dont la seule vérité est la mort de Kennedy, le cinéaste comble un vide historique en emprisonnant délibérément le spectateur dans une vision subjective, à la manière d’un marionnettiste. Ce faisant, le cinéaste fait résonner les doutes qui assaillent Garrison, persuadé d’être manipulé par les politiques et les médias, avec la manière dont il force l’immersion du spectateur dans la réalité abstraite qui est celle du film à grand renfort d’images subliminales et d’effets nerveux de montage. En résulte un thriller politique captivant et révélateur du pouvoir de l’image sur l’information et la désinformation.
de Oliver Stone
France / Etats-Unis, 1991, 3h09