Ida

A voir mardi 18 octobre 2016 à 13h35 sur Arte |

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Marqué par la Deuxième Guerre mondiale et le catholicisme, le cinéma polonais est hanté par les catastrophes et les enjeux de l’Histoire et de la religion. Depuis «Cendres et diamants» (1958) d’Andrzej Wajda, une dénonciation sans faille du nationalisme et du communisme, certains réalisateurs du mouvement contestataire de l’Ecole polonaise en ont d’ailleurs fait les frais, à l’image de Jerzy Kawalerowicz, condamné par le Vatican pour «Mère-Jeanne des Anges» en 1961, un film sur la passion amoureuse d’une religieuse et d’un prêtre.

Dans ce contexte, qui perdure jusqu’au «Pianiste» (2002) de Polanski, le nouveau long-métrage de Pawel Pawlikowski s’avère d’une pertinence rare. En plongeant dans la Pologne des années 1960, «Ida» revient en effet d’une part sur les massacres des Juifs polonais durant la Guerre, d’autre part sur les purges et la répression insidieuse du régime communiste. Avant de prononcer ses vœux de chasteté et d’obéissance, Anna, une jeune orpheline élevée dans un couvent catholique, retrouve sa tante Wanda, une juge socialiste surnommée «Wanda la rouge», qui lui révèle ses origines juives. Ensemble, elles partent à la recherche de leur famille.

A la faveur d’un format carré et d’une photo en noir et blanc, Pawel Pawlikowski livre une épure en adéquation avec son sujet. Suivant ses deux personnages en les décadrant au sein de plans fixes très esthétiques, ce qui suscite le trouble à chaque instant, le cinéaste les confronte à leur terrible passé. Dès lors, Anna et Wanda font figures de métaphores d’une Pologne écartelée entre le catholicisme et le communisme. Pawlikowski s’efforce toutefois d’éviter le simple film à sujet, en soulignant la beauté d’Ida et le bouillonnement de la jeunesse grâce à la chaleur de la musique jazz signée John Coltrane.

de Pawel Pawlikowski
Pologne / Danemark, 2013, 1h22