A voir lundi 1er septembre 2014 à 0h00 sur TV5 Europe |
Chantre inspiré du réalisme poétique qui puisait la beauté de son désespoir dans une France minée par la guerre, Marcel Carné (1909-1996) a donné le meilleur de lui-même entre 1936 et 1939, signant une trilogie sublime de noirceur. Il réalise coup sur coup «Le Quai des brumes» (1938), «Hôtel du Nord» (1938) et «Le Jour se lève» (1939), des films considérés parmi les œuvres majeures de l’histoire du cinéma hexagonal.
Près du canal Saint-Martin, un modeste hôtel abrite une faune d’écorchés, mais surtout deux couples: l’un voué au crime et à la prostitution, l’autre à un désespoir morbide. Entre ces quatre murs, les «amoureux» vont chacun atteindre la limite de leur malheur…
Annabella et Jean-Pierre Aumont d’un côté, Arletty et Louis Jouvet de l’autre; du très beau monde peuple cette chronique pittoresque, adaptée d’un roman populiste d’Eugène Dabit. Mais la galerie de personnages qui compose l’ouvrage initial s’efface derrière ces deux histoires d’amour imaginées par les scénaristes Jean Aurenche (représentant de la «qualité française») et Henri Jeanson afin d’apporter une charge plus dramatique à l’ensemble. En résulte un sommet du réalisme poétique, où une atmosphère mélancolique et cruelle baigne chaque détail du décor, chaque parole, et chaque regard, n’en déplaise à Arletty qui nous rétorquerait: «Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère?»
de Marcel Carné
France, 1938, 1h40