Harcelés

A voir mardi 14 février 2012 à 23h10 sur M6

Depuis pas mal de films, assez médiocres («Nurse Betty», «Possession», «The Wicker Man»), on avait perdu tout espoir en Neil LaBute, dont on avait pourtant aimé «En compagnie des hommes» (1997), un petit bijou cynique, pervers et inconvenant qui racontait l’histoire d’une ordure jouant avec les sentiments d’une aveugle. Ce qu’il faut visiblement à ce réalisateur américain pour s’épanouir, c’est un méchant, un salaud, un paranoïaque à deux doigts de la folie pure! Et c’est bien ce qu’il a trouvé avec le flic qu’interprète avec délectation Samuel. L. Jackson dans «Harcelés».

Abel Turner (dit «A.T.») est un flic noir, une sorte d’extraterrestre légaliste, intègre et totalement frustré. Impitoyable avec ses indics, tyrannique avec ses enfants, il se prend d’une haine immédiate envers le couple qui s’installe à côté de chez lui, dans ce quartier huppé d’une ville californienne. Une seule raison: elle est black et son mari est blanc…

Jusqu’à la fin, lorsque le scénario le contraint aux figures imposées du thriller psycho-pataud (fusillades et happy end de rigueur), Neil LaBute n’abandonne pas un instant son élégance et sa férocité. Ce qu’il montre, à l’encontre du discours lénifiant actuel, c’est le gouffre qui sépare toujours les Noirs et les Blancs dans une Amérique à cran. Il faut voir le mépris avec lequel le père de l’héroïne traite ce gendre blanchâtre que sa fille lui a imposé… En scènes courtes, denses et maîtrisées, Neil LaBute filme donc la violence, son infiltration progressive et sa progression fatale. Et c’est glaçant!

Lakeview Terrace
de Neil LaBute
Etats-Unis, 2008, 1h51