Guilty of Romance

A voir samedi 2 novembre 2013 à 2h10 sur Arte |

guilty-of-romance_WEB

Un soir, dans le quartier de Shibuya où se concentrent de nombreux «love hotels», une femme est retrouvée morte, littéralement transformée en mannequin… Quelque part à Tokyo, Izumi est une femme irréprochable, entièrement dévouée à la rigidité de son romancier de mari. Poussée par une professeur d’université sulfureuse, elle accepte de poser nue et de jouer dans des films érotiques. Ces premiers pas vers la réappropriation de son âme et de son corps la conduisent à se prostituer, tout en gardant l’apparence de l’épouse modèle, une fois rentrée chez elle… Satire du couple, enquête policière, parcours initiatique? «Guilty of Romance» c’est tout cela à la fois, et bien plus encore.

Figure emblématique du cinéma underground japonais, Sion Sono s’emploie à réaliser des oeuvres iconoclastes qui pervertissent tous les aspects du septième art. Aucun thème n’est trop risqué, aucune couleur n’est trop criarde pour cet auteur qui manie les images avec une outrance de génie. En 2002, il fait une entrée fracassante dans le paysage cinématographique avec son «Suicide Club». Il récidive en 2008 en raflant de nombreux prix avec «Love Exposure».

Dernier volet de la «trilogie de la haine» constituée par «Love Exposure» et «Cold Fish», «Guilty of Romance» a été sélectionné lors de la Quinzaine des réalisateurs en 2011. Le public cannois pouvait alors découvrir un director’s cut de 144 minutes totalement décomplexé, oscillant entre un réalisme immodérément cru et une dimension fantastique défiant toute logique. Ruptures de ton, récit déconstruit, provocation poussée à son plus haut degré… Sion Sono ne recule devant rien et impose un cinéma singulier, audacieux et subversif qui lui permet ici de pointer du doigt une société japonaise profondément machiste.

Koi no Tsumi
de Sion Sono
Japon, 2011, 1h52