Grounding, les derniers jours de Swissair

A voir mercredi 20 novembre 2013 à 23h05 sur RTS Deux |

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«Grounding» est avant tout un film de producteur très admiratif de la manière dont Hollywood recycle en un temps record les grands événements de l’actualité. Plus que de la propagande, le très expérimenté Peter-Christian Fueter, le réalisateur de de «Sennentuntschi» (2010), qui n’est autre que l’un des premiers longs-métrages d’horreur helvétique, y voit une forme de thérapie cinématographique de masse qui permet de surmonter certains traumatismes collectifs. Non sans culot, il a choisi d’appliquer cette démarche très futée au désastre de Swissair, véritable «fleuron national».

Le succès éclatant du film lui donna sans doute raison: une grande part des spectateurs de «Grounding» n’allaient que très rarement au cinéma, voire pas du tout! Au-delà de son effet thérapeutique incontestable, reste à juger de la qualité intrinsèque du film qui, en deux heures, relate les «derniers jours» de Swissair (en fait les six derniers mois) qui aboutirent à l’humiliation du 2 octobre 2001. Basé sur des faits donc bien réels, le scénario en propose une interprétation fictive, style «docu-fiction». Traitées de façon remarquable, toutes les scènes qui mettent aux prises les pontes des hautes sphères sont très crédibles. Le gotha des acteurs alémaniques a prêté son concours. Son interprétation des Suter, Corti, Dosé, Ospel et autre Mühlemann se révèle même jouissive.

En résulte un film passionnant de bout en bout, avec, en ligne de mire, cette évidence: c’est peut-être en refusant à la Suisse son entrée dans l’Espace économique européen, que le bon peuple a lui-même signé dès 1992 l’arrêt de mort de son «fleuron national». A l’heure où l’on fête les dix ans de ce traumatisme, il est bon de s’en souvenir…

Grounding – Die letzten Tage der Swissair
de Michael Steiner & Tobias Fueter
Suisse, 2006, 2h04