Gran Torino

A voir mercredi 6 avril 2016 à 22h35 sur TMC |

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De la projection du vingt-neuvième long-métrage de Clint Eastwood, l’on émerge étreint par une émotion identique à celle qui nous avait saisis au sortir de «Million Dollar Baby», à la différence près que ce cinéaste aujourd’hui octogénaire a administré à «Gran Torino» une sacrée dose d’autodérision. Le film commence dans une église de la banlieue de Détroit: vétéran de la guerre de Corée, ouvrier à la retraite des Usines Ford, Walt Kowalski (Clint Eastwood lui-même) enterre sa femme.

Droit dans ses bottes, Walt grogne des imprécations contre ses petits-enfants délurés, le trop jeune curé en charge de l’oraison. Plus tard, sur la terrasse de sa baraque où flotte la bannière étoilée, il déverse sa bile sur ses nouveaux voisins, des «bridés», des «faces de citron», morigénant ce quartier «américain» devenu un ghetto pour immigrants démunis. L’opinion du spectateur sur ce «Polak mal torché» semble faite: infréquentable, taillé dans un bloc de haine et de ressentiment!

En un peu moins de deux heures, le réalisateur d’«Impitoyable» va accomplir une démonstration éblouissante, en amenant ce personnage irrécupérable à une rédemption insoupçonnée… On n’en dira pas plus, sinon que ce chef-d’œuvre se termine par un climax dévastateur pour le spectateur, conférant à ce drôle de drame une dimension crépusculaire!

de Clint Eastwood
Etats-Unis, 2008, 2h05