A voir dimanche 19 octobre 2014 à 0h10 sur France 4 |
Avec «Fish Tank», la cinéaste britannique Andrea Arnold a décroché pour la deuxième fois le Prix du Jury à Cannes. Décerné une première fois en 2006 à «Red Road», il s’était révélé un brin usurpé. Agente de sécurité commise à la surveillance vidéo des rues de Glasgow, une jeune femme abusait de sa position omnisciente pour se venger d’un homme. Las, son machiavélisme audiovisuel tournait vite au procédé! Derechef récompensé, «Fish Tank» («L’aquarium») est d’une tout autre eau, sans doute l’un des films les plus forts du moment, dont le spectateur cinéphile ne peut faire l’économie!
Un quartier HLM dégradé dans la banlieue londonienne. C’est là que vit Mia, quinze ans révoltés, avec Sophie, sa petite sœur, et sa mère, blonde séductrice qui collectionne les amants. Délaissant l’école, Mia se réfugie dès qu’elle le peut dans un appartement abandonné pour répéter jusqu’à l’épuisement des pas de hip-hop avec une énergie bouleversante. Devenir danseuse, c’est son rêve. Mais, un matin, voilà qu’elle croise Connors, la nouvelle conquête de sa mère, torse nu, jean taille basse. Le désir s’éveille alors dans le corps raide de Mia. La suite semble entendue et pourtant…
En la comparant à Ken Loach, certains critiques se sont fourvoyés. Andrea Arnold est dépourvue de cette empathie doucereuse pour les déshérités qui rend presque insupportables certains des derniers films de l’auteur de «Sweet Sixteen». Dans «Fish Tank», la cruauté est de mise et bénéfique. Elle éclate littéralement dans certaines scènes, comme celle de l’audition… Adultes immatures, adolescents vieillis prématurément, l’inversion fait mouche, même si le final laisse un peu d’espoir.
de Andrea Arnold
Grande-Bretagne, 2009, 2h02