A voir vendredi 24 février 2017 à 9h10 sur RTS Un |
Fondant son art sur la conduite du spectateur, via le «calcul des probabilités» des effets de sa mise en scène, Hitchcock est le premier à avoir fait de la relation au spectateur une préoccupation essentielle. Autrement dit, pour l’auteur de «Fenêtre sur cour», le véritable sujet du film c’est la forme, un constat opéré sur un mode toujours ludique (d’où la prégnance du suspense) qui a débouché l’horizon des jeunes générations de cinéastes à venir…
En cinquante-cinq longs-métrages, Alfred Hitchcock (1899-1980) a ainsi créé un cinéma mental d’une modernité inouïe en élaborant une sorte de spectateur virtuel qui constitue le vrai sujet de ses films. C’est pourquoi, selon ses propres mots, il s’intéressait fort peu aux histoires qu’il racontait! Tourné la même année (1954) que «Le crime était presque parfait», l’extraordinaire «Fenêtre sur cour» est de ce point de vue son chef d’œuvre le plus éclairant; orchestrant un processus d’identification diabolique, Hitchcock installe littéralement son spectateur au cœur du dispositif dramatique par le biais d’un alter ego cloué comme lui (mais pour une autre raison) dans son fauteuil.
Immobilisé dans une chaise roulante suite à un bête accident, un photographe (James Stewart), passe son temps à observer ses voisins d’en face au téléobjectif. Au fil de ses observations, il acquiert la certitude que l’un de ceux-ci (Raymond Burr) a tué sa femme… Avec maestria, Hitchcock démontre que le suspense est composé d’une danger lattent qui menace à tout moment de s’actualiser, d’où notre jouissance inquiète!
Rear Window
de Alfred Hitchcock
Etats-Unis, 1954, 1h50