A voir mardi 13 janvier 2015 à 13h35 sur Arte |
D’origine viennoise, l’Américain Billy Wilder (1906-2002) n’est pas le cinéaste d’une seule scène, certes mythique (la robe de Marilyn soulevée par l’air d’une bouche d’aération du métro bien placée dans «Sept ans de réflexion»), bien loin de là! Observateur attentif des hypocrisies ordinaires, Wilder a réalisé quelques-uns des joyaux de la comédie américaine d’après-guerre ainsi qu’un chef-d’œuvre du film noir, «Assurance sur la mort» (1944).
Né à Sucha (une ville polonaise alors austro-hongroise), Billy Wilder (1906-2002) a commencé par faire du journalisme. Le futur réalisateur de «Boulevard du Crépuscule» (1950) travaille ainsi pour un journal viennois où il est commis au sport et aux faits divers. Il y rédige également des critiques de cinéma. S’installant à Berlin, Billy (qui doit ce diminutif à sa mère qui adorait les Etats-Unis) gagne sa vie comme gigolo dans un hôte de luxe. Entre deux pas de danse mondaine, il écrit des romans-feuilletons pour un tabloïd berlinois. Alors que le cinéma muet allemand vit ses grandes heures, il œuvre aussi comme nègre pour des scénaristes surchargés de travail.
Crédité au générique du film collectif «Les Hommes le dimanche» (1930) de Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer, manifeste du courant dit de «la nouvelle objectivité» qui prétend faire retour au réalisme, histoire de se guérir des excès (sublimes) de l’expressionnisme, Wilder est engagé comme scénariste par la Universum Film où il collabore à l’écriture du scénario du film pour enfants «Emile et les détectives» (1931) de Gerhard Lamprecht. Hélas pour lui, Adolf Hitler prend alors le pouvoir. Du fait de ses origines juives, Wilder préfère s’exiler en France où il peut faire des débuts de réalisateur avec «Mauvaise graine» (1934) qu’il coréalise avec le cinéaste d’origine hongroise Alexander Esway. Wilder passe ensuite aux Etats-Unis où il travaille comme scénariste, avant de réaliser nombre de chefs-d’œuvre.
Après nombre de succès marquants, tels «Boulevard du Crépuscule» (1950), les films Wilder sont adulés aux Etats-Unis comme en Europe. Cependant, le cinéaste connaîtra une fin de carrière difficile. Rejeté par Hollywood, il se fait de plus en plus rare. Coproduit entre la France et l’Allemagne, «Fedora», son avant-dernier film, reprend justement la trame tragique de «Boulevard du Crépuscule», d’après un roman de l’ancien acteur Tom Tryon. A travers l’histoire d’un producteur sur le retour (William Holden) bien décidé à convaincre une ancienne star hollywoodienne (Marthe Keller) d’accepter un scénario qui, selon lui, les porterait à nouveau jusqu’au devant de la scène, le cinéaste analyse à nouveau le monde cruel du star-system, des apparences et des machinations. Construit en flashbacks et très éclaté, le film donne l’impression d’un rêve vaporeux autour d’une star sublime…
Disparu en 2002, et malgré une fin de carrière difficile, le scénariste, réalisateur et producteur Billy Wilder reste une figure incontournable de la comédie et un des plus grands cinéastes de sa génération!
de Billy Wilder
France / Allemagne de l’Ouest, 1978, 1h56