A voir lundi 10 avril 2017 à 23h05 sur Arte |
Disparu en 1960 à l’âge de 53 ans, l’assistant de Renoir et cinéaste français Jacques Becker nous a légué une filmographie aussi passionnante qu’inégale, alternant des films grand public et de purs chefs-d’œuvre, comme «Casque d’or» (1952), «Les Amants de Montparnasse» (1958) ou «Le Trou» (1960). Ses réalisations lui accordent une place à part dans l’histoire du cinéma français. Plus vraiment classique, pas encore moderne, Becker annonce la Nouvelle Vague par son éclectisme dans le choix de ses sujets, son attention au réel, son goût pour les tournages en extérieur et sa désinvolture à l’égard des «principes».
Tourné sous l’Occupation, «Falbalas» est le sixième film du cinéaste. Sous ses airs de mélodrame, cette histoire d’amour cache bien des surprises. Le cinéaste trompe d’emblée son public en filmant des scènes tantôt relatives au drame, tantôt à la comédie, et y ajoute un souffle poétique qui n’est pas sans rappeler «Les Visiteurs du soir» de Marcel Carné, tourné trois ans auparavant.
Avec une clarté remarquable, Jacques Becker met en scène deux mondes parallèles, la haute couture française d’un côté et un amour dévorant de l’autre, et nourrit par là un mystère de plus en plus prégnant. En effet, la scène d’ouverture soulève une question cruciale à laquelle le cinéaste choisit judicieusement de ne répondre qu’à la toute fin du film, après nous avoir lentement baladé des ateliers de confection (un monde que Becker connaît bien par sa mère qui y a travaillé) aux scènes plus intimes entre les personnages.
Couturier de renom, Philippe Clarence est un créateur génial, mais totalement désorganisé! En panne d’inspiration pour terminer sa prochaine collection, il parvient à séduire Micheline, la fiancée de son meilleur ami Daniel et fournisseur de tissus de surcroît. Mais une fois les idées retrouvées, Philippe ne porte plus aucun intérêt à la jeune femme qui le lui rendra bien…
de Jacques Becker
France, 1944, 1h35