A voir mercredi 17 décembree 2014 à 20h30 sur Rouge TV |
Filme-phare voire mythique de son auteur, Michael Gondry, «Eternal Sunshine of The Spotless Mind» – que l’on peut hasardeusement traduire par «l’éternelle clarté solaire de l’esprit immaculé» – serait inspiré d’un happening du plasticien Pierre Bismuth, ce dernier ayant eu l’idée d’envoyer à des gens de sa connaissance une lettre très officielle les avertissant qu’ils avaient été effacés de la mémoire d’un de leurs proches et qu’ils ne devaient plus chercher à entrer en contact avec cette personne! Avec l’aide de Charlie Kaufman, scénariste très coté du milieu branché hollywoodien (il a notamment signé les scripts tordus de «Dans la peau de John Malkovich» et d’«Adaptation» de Spike Jonze), Gondry a tiré vers la comédie (amère) cette idée plutôt terrifiante.
De nature plutôt impulsive, Clementine (Kate Winslet) décide du jour au lendemain d’effacer de sa mémoire Joel (Jim Carrey), l’être terriblement ennuyeux qui partage sa vie. Grâce au procédé «Lacuna», elle arrive si bien à ses fins que le pauvre Joel se voit contraint de faire de même pour ne pas sombrer dans la folie. Alors qu’un jeune chirurgien placide élimine méthodiquement les synapses concernées, Joel, sous narcose, revoit en rêve tous les souvenirs liés à sa vie commune avec Clementine…
Comme de coutume, le scénario très conceptuel de Kaufman dicte un peu au film la marche à suivre. Gondry peine à réellement s’en affranchir, à l’exception des scènes où Joel égrène de manière très onirique ses souvenirs. Chaque évocation donne matière à une petite scène en soi que le cinéaste réalise comme un clip, renouant avec le style poétique qui a fait toute sa renommée: une forme hybride qui fusionne les fantaisies primitives de Méliès et des effets spéciaux dernier cri pour atteindre à une sorte de nouveau cinéma naïf. Ajoutez à cela, une interprétation étonnante de sobriété de Jim Carrey et vous aurez quelques bonnes raisons de vous exposer un brin à l’éternelle (et émouvante) clarté solaire de l’esprit immaculé!
de Michel Gondry
Etats-Unis, 2004, 1h48