A voir mercredi 7 décembre 2016 à 23h25 sur RTS Deux |
D’origine viennoise, l’Américain Billy Wilder (1906-2002) n’est pas le cinéaste d’une seule scène, certes mythique (la robe de Marilyn soulevée par l’air d’une bouche d’aération du métro bien placée dans «Sept ans de réflexion»), bien loin de là! Observateur attentif des hypocrisies ordinaires, Wilder a réalisé quelques-uns des joyaux de la comédie américaine d’après-guerre ainsi qu’un chef-d’œuvre du film noir, «Assurance sur la mort» (1944). Disparu en 2002, et malgré une fin de carrière difficile, le scénariste, réalisateur et producteur Billy Wilder reste une figure incontournable de la comédie, comme en témoigne «Embrasse-moi, idiot», sorti en 1964.
Dino, un chanteur de charme coureur de jupons, tombe en panne dans une ville du Nevada. Il rencontre Orville Spooner, un professeur de piano qui entend bien lui faire chanter ses compositions. Pour l’en convaincre, il mise tout sur une force de persuasion féminine, mais comme il est d’un naturel très jaloux, il engage Polly, une prostituée, pour jouer le rôle de son épouse et garder la sienne en sécurité…
Billy Wilder a rarement été plus corrosif. Critique vitriolée de l’«American way of life», «Embrasse-moi, idiot» est, en quelque sorte, la version désinhibée de «Sept ans de réflexion», une comédie qui, en dépit de toutes ses qualités, a forcément pâti de la censure qui était systématiquement appliquée dans les années 1950 à Hollywood. Implacable, voire sadique, le réalisateur passe ses personnages à la moulinette: du nymphomane à la prostituée qui rêve de jouer les femmes au foyer et inversement, en passant par l’imbécile de service ou le jaloux colérique, tout ce petit monde s’adonne à un petit théâtre de médiocrité humaine. En résulte une comédie acide qui peut plaire ou déranger, mais qui ne manque certainement pas de culot!
Kiss Me, Stupid
de Billy Wilder
Etats-Unis, 1964, 2h05