A voir samedi 3 décembre 2016 à 8h35 sur RTS Un |
A western atypique, réalisateur atypique. Robert Aldrich entretient avec Hollywood une relation en dents-de-scie. Dès ses débuts, il se place du côté des «progressistes»: Chaplin, Renoir, Losey… Avec «Apache» et «Vera Cruz» en 1954 et «Kiss Me Deadly» en 1955, Aldrich remporte un immense succès commercial, tout en faisant preuve d’une liberté inédite dans son traitement du western et du film noir. Acclamée par les chefs de file de la Nouvelle Vague française, sa démarche se heurte cependant à la paranoïa des studios, dans une Amérique congestionnée par le maccarthysme.
C’est en exil qu’il tourne «El Perdido», western lyrique et poétique, qui atténue la rugosité épique propre au genre par un questionnement sur l’amour (conjugal, adultère, filial) et les rapports de sexe… Poursuivi par le Shérif Stribbling (Rock Hudson) pour meurtre, O’Malley (Kirk Douglas) traverse la frontière mexicaine et trouve refuge dans le ranch des Breckenridge, dont la femme (Dorothy Malone) n’est autre que son amour de jeunesse, à présent mère d’une fille de seize ans… Lorsque le shérif les rejoint, O’Malley lui propose de faire route avec lui pour rapatrier les chevaux du ranch jusqu’au Texas.
Sens du devoir, questionnements moraux, luttes viriles et passions amoureuses animeront la chevauchée. Si le film passe plutôt inaperçu derrière les œuvres qui marqueront le retour d’Aldrich parmi la génération émergente du Nouvel Hollywood («Qu’est-il arrivé à Baby Jane?»), «El Perdido» mérite le détour, d’autant plus qu’il renferme une inestimable brochette d’acteurs!
The Last Sunset
de Robert Aldrich
Etats-Unis, 1961, 1h52