A voir dimanche 4 août 2013 à 13h30 sur RTL9 |
Trente ans après «M.A.S.H», qui le fit connaître aux cinéphiles du monde entier, Robert Altman s’est pour le moins assagi. Les formes narratives innovantes, le désenchantement de la figure du héros, l’agressivité visuelle pour dénoncer les affres de la guerre, telles étaient les attributs du cinéma de celui qui fut l’un des instigateurs des mutations stylistiques à Hollywood. A 74 ans, et après une carrière en dents de scie qui le conduit des USA en Europe et retour, de la télévision au cinéma en alternance, Altman n’a plus rien a prouver. Il signe une comédie gentillette qui dévoile, comme à son habitude, une brochette d’acteurs – et surtout d’actrices, en l’occurrence – des plus somptueux du moment!
Dans un village paisible et pieux du Mississippi, une vielle dame excentrique surnommée Cookie n’a plus envie d’épiloguer et décide de prendre des mesures radicales. Lorsque sa nièce Camille (Glenn Close), une sainte nitouche despotique, la découvre morte dans son lit, elle ne peut se résigner à révéler la vérité au grand jour. Elle maquille le suicide en meurtre, non sans avoir subtilisé au passage et en catimini un collier dans le boudoir de Cookie. Le black du village, ce bon vieux Willie (Charles Dutton), est soupçonné par la police et se fait mettre derrière les verrous, bien que personne ne le croit coupable. Par ailleurs, en vieille fille castratrice, Camille garde toujours un œil sur sa sœur Cora (Julianne Moore), qu’on dit écervelée, et essaie aussi de surveiller la fille illégitime de cette dernière (Liv Tyler), déshonneur de la famille, qui n’en fait qu’à sa tête, couchant avec un jeune flic et rendant quotidiennement visite à Willie dans sa cellule. Mais petit à petit, ce quotidien immaculé va se fissurer, au grand dam de Camille…
Avec sa critique un peu pantouflarde du petit racisme quotidien et de la ferveur religieuse de façade qui sévissent aux Etats-Unis, «Cookie’s Fortune» est une comédie de mœurs aussi légère qu’insignifiante. S’il ne tire pas de ses excellentes comédiennes tout le potentiel qui est le leur, Robert Altman livre néanmoins une pochade sympathique et bien construite, qui certes subjugue moins qu’elle ne divertit.
de Robert Altman
Etats-Unis, 1998, 1h58