Conte d’été

A voir lundi 29 août 2016 à 20h50 sur France 5 |

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Eric Rohmer (1920-2010) est un grand cinéaste à la discrétion trompeuse. Passant à tort pour un classique, ce qui ne l’a pas gêné le moins du monde, ce Corrézien, né Jean-Marie Schérer en 1920 à Tulle, aura fait preuve d’une insolence créative sans pareille, tout au long d’une carrière d’une longévité exceptionnelle. Professeur de lettres se destinant en premier lieu à la littérature, Rohmer aborde le cinéma en animant un ciné-club du Quartier Latin à Paris, fréquenté par de jeunes trublions qui ont pour noms Claude Chabrol, François Truffaut et Jean-Luc Godard. Avec eux, il fomente le soulèvement de la Nouvelle Vague, à la fois comme critique à la revue des Cahiers du Cinéma et réalisateur.

Dès 1950, Rohmer tourne son tout premier film, ce qui fait de lui le pionnier du mouvement. Abandonnant son poste de rédacteur en chef des Cahiers en 1963, il se consacre dès lors au seul cinéma. Optant pour des petits budgets pour conserver toute sa liberté d’auteur, ce janséniste frondeur va se révéler prolifique, signant une cinquantaine de titres, dont vingt-six long-métrages. Son œuvre se décline en cycles, à commencer par celui des «Contes moraux», dont le sixième, «Ma nuit chez Maud» (1969) lui vaut son premier succès public.

Troisième volet du cycle des «Contes des quatre saisons» qui philosophe sur les sentiments amoureux et amicaux, «Conte d’été» raconte les aléas du coeur de Gaspard. Attendant Léna pour les vacances, il rencontre Margot, puis Solène. La magie de la séduction fait son petit bonhomme de chemin, d’un côté et de l’autre, sans compter sur Léna qui finit par arriver…

«Conte d’été» est, à l’image de la saison qu’il met en scène, unique dans le cycle qu’il constitue. Alors que les personnages d’intellectuels aux dialogues soutenus et à la diction impeccable caractérisent la signature artistique de Rohmer, cette lecture de la belle saison semble indiquer que le style de Rohmer prend lui aussi un peu de repos. En effet, la parole, véritable reine du cadre rohmérien, se met par moments en sourdine pour laisser la place aux corps, au soleil, et à la détente.

de Eric Rohmer
France, 1996, 1h53