A voir mercredi 30 octobre 2013 à 23h10 sur TV5 Monde |
Eric Rohmer (1920-2010) est un grand cinéaste à la discrétion trompeuse. Passant à tort pour un classique, ce qui ne l’a pas gêné le moins du monde, ce Corrézien, né Jean-Marie Schérer en 1920 à Tulle, aura fait preuve d’une insolence créative sans pareille, tout au long d’une carrière d’une longévité exceptionnelle. Professeur de lettres se destinant en premier lieu à la littérature, Rohmer aborde le cinéma en animant un ciné-club du Quartier Latin à Paris, fréquenté par de jeunes trublions qui ont pour noms Claude Chabrol, François Truffaut et Jean-Luc Godard. Avec eux, il fomente le soulèvement de la Nouvelle Vague, à la fois comme critique à la revue des Cahiers du cinéma et réalisateur.
Dès 1950, Rohmer tourne son tout premier film, ce qui fait de lui le pionnier du mouvement. Abandonnant son poste de rédacteur en chef des Cahiers en 1963, il se consacre dès lors au seul cinéma. Optant pour des petits budgets pour conserver toute sa liberté d’auteur, ce janséniste frondeur va se révéler prolifique, signant une cinquantaine de titres, dont vingt-six long-métrages. Son œuvre se décline en cycles, à commencer par celui des «Contes moraux», dont le sixième, «Ma nuit chez Maud» (1969) lui vaut son premier succès public.
Premier volet du cycle des «Contes des quatre saisons» qui philosophe sur les sentiments amoureux et amicaux, «Conte de printemps» suit les pérégrinations amoureuses de Jeanne qui, en l’absence d’Igor, inspecte si l’herbe est plus verte dans le pré de Mathieu. «L’enfer c’est les autres» pourrait nous dire Jeanne qui se laisse facilement influencer par les propos rhétoriques des individus qui croisent sa route. Personnages d’intellectuels, dialogues soutenus, diction impeccable, tous les marqueurs de la signature si caractéristique de Rohmer sont présents et proclament, une nouvelle fois, la parole en tant que reine du cadre.
de Eric Rohmer
France, 1990, 1h52