A voir vendredi 2 juin 2017 à 1h05 sur RTS Un|
Issu du milieu publicitaire et institutionnel, George A. Romero vit et tourne depuis plus de quarante ans à Pittsburgh, en marge de l’industrie hollywoodienne. Figure incontournable de la production indépendante, il a marqué le cinéma de genre à travers son hexalogie des morts-vivants. En 1968, il filme le premier volet de la saga, «La Nuit des morts vivants» («Night of the Living Dead»), qui constitue également le premier long-métrage du cinéaste. Réalisé avec un très petit budget, ce film a ranimé le film de zombie, un sous-genre du cinéma d’horreur développé à Hollywood à partir des années 1930, en décrivant sur un mode extrême un corps social sous influence, comme lobotomisé. En 1978, il revient à la charge avec «Zombie, le crépuscule des morts-vivants», pour lequel il collabore avec Dario Argento, le maître du giallo italien. Dans cette suite, l’allusion est encore plus assassine: entièrement tourné dans un supermarché, l’extraordinaire «Dawn of the Dead» (titre original) assimile les zombies à des consommateurs décervelés. En 1985, Romero persiste et signe dans ce registre politique avec «Le Jour des morts-vivants» («Day of the Dead»), où il décrit la menace que représente une société militarisée.
Comme rejoint par l’actualité, «Le Territoire des morts-vivants» («Land of the Dead», 2005) met en scène le penchant totalitaire que cultive toute élite portée au pouvoir tout en faisant résonner l’Amérique de l’après 11 septembre 2001. Quant à «Chronique des morts-vivants» («Diary of the Dead», 2008), pour la première fois tourné en grande partie en caméra subjective, il aborde les nouvelles technologies en pointant d’un doigt accusateur l’omniprésence de l’image dans notre quotidien et les mensonges préfabriqués des médias.
Imparfait et quelque peu simpliste dans sa critique politique, ce cinquième volet n’en constitue pas moins un film passionnant, truffé de références réjouissantes à l’œuvre de Romero et au cinéma de genre! Alors qu’il est question de morts revenus à la vie aux informations et sur Internet, des étudiants en cinéma s’aventurent dans la forêt pour filmer une série B horrifique, où ils tombent sur une horde de zombies. Au lieu de fuir, ils changent leurs plans et se mettent à tourner un documentaire pour rendre compte de la menace apocalyptique qui plane sur la planète…
Diary of the Dead
de George A. Romero
Etats-Unis, 2007, 1h35