A voir jeudi 27 juin 2013 à 2h40 sur Arte |
Premier cinéaste centenaire encore en activité de l’Histoire du septième art, le Portugais Manoel de Oliveira tourne encore régulièrement des films profonds traversés par des éclats malicieux. Insolent, irrévérencieux, modeste, le réalisateur de «Aniki Bobo» (1942), «Non ou la vaine gloire de commander» (1990) ou encore «Gebo et l’ombre» (2012) explique sa longévité créatrice exceptionnelle par l’observance rigoureuse d’une sieste quotidienne depuis l’âge de quatre ans!
Auteur à ce jour de cinquante-quatre films (courts et longs-métrages confondus), De Oliveira a tourné «Christophe Colomb», l’énigme» en 2008, soit pour ses cent ans. Ce film jubilaire et jubilatoire part du postulat romanesque que le grand navigateur n’était pas génois, mais lusitanien. Partant, De Oliveira nous gratifie d’un petit chef-d’œuvre contemplatif qui s’évertue à reconstituer de façon érudite des événements parfaitement imaginaires mais si plausibles.
En 1946, Manuel Luciano (joué par le petit-fils du cinéaste) émigre aux Etats-Unis. Médecin de son métier, il épuise tous ses loisirs à démontrer l’origine portugaise de Christophe Colomb. Quatorze ans plus tard, Manuel emmène sa femme à Cuba, l’île découverte par le célèbre navigateur. A la fois récit policier et poétique, qui convoque l’ombre tutélaire du poète Pessoa, cette fantaisie d’une mélancolie toute portugaise interroge le rôle du mythe dans la construction d’une identité collective, atteignant une dimension à la fois charnelle et spirituelle dont le cinéaste semble être aujourd’hui l’unique dépositaire.
Aujourd’hui âgé de 104 ans, De Oliveira réalise son nouveau film, «L’Eglise du diable», avec cette vitesse d’exécution que bien des jeunes cinéastes pourraient lui envier…
Cristovão Colombo, o enigma
de Manoel de Oliveira
France / Portugal, 2007, 1h15