Chinatown

A voir lundi 16 mars 2015 à 01h30 sur Arte |

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S’il n’avait pas été obligé de quitter de façon précipitée le territoire étasunien, Roman Polanski aurait pu sans doute accomplir une carrière «américaine» des plus brillantes. Tourné cinq ans après l’assassinat de sa femme Sharon Tate, «Chinatown» (1974) en fait l’éclatante démonstration! Revu aujourd’hui, ce film noir tourné dans la plénitude de la lumière californienne n’a rien perdu de sa puissance et de son pouvoir de fascination…

Nous sommes en 1937, à Los Angeles, J.J. Gittes (Jack Nicholson) est un détective privé, un poil désabusé, à force de traquer des cas d’adultère. Spécialisé dans les filatures «matrimoniales», il accepte de filer le mari de la séduisante Evelyn Mulwray (Faye Dunaway), laquelle soupçonne son époux d’avoir une maîtresse… Très vite, Gittes se rend compte que l’affaire est autrement complexe, chacun s’ingéniant à jouer double jeu, de façon très risquée. En témoigne le sparadrap que Polanski l’oblige ironiquement à porter pendant les trois-quarts du film, conséquence du coup de couteau que lui inflige une petite frappe jouée par Polanski lui-même (tout un symbole).

Avec un John Huston en patriarche nauséeux, le spectateur glisse peu à peu dans une ambiance trouble qui culmine dans un final qui reste toujours aussi sidérant, entremêlant inceste et corruption de façon inextricable… Un vrai retour du refoulé balancé dans la figure des faux pères la vertu qui ont fait et font encore l’Amérique! Il n’est pas étonnant que certains aient voulu lui rendre la monnaie de sa pièce.

de Roman Polanski
Etats-Unis, 1974, 2h02