Che – 2ème partie: Guérilla

Cannes 08, Prix d’interprétation masculine
de Steven Soderbergh
avec Benicio Del Toro, Demian Bichir, Santiago Cabrera, Elvira Minguez, Jorge Perugorria, etc.


Alors que la mode est au biopic (film biographique) psychologique, Steven Soderbergh et Benicio Del Toro s’attaquent au mythe de Che Guevara avec une précision factuelle étonnante. En effet, après plusieurs années d’hésitations, le cinéaste et l’acteur ont décidé de (re)produire ensemble les pérégrinations du révolutionnaire légendaire en décrivant, avec un film en deux parties et une rigueur exceptionnelle, deux périodes de sa vie. La première partie (sortie le 7 janvier à Neuchâtel) mettait en scène la naissance d’une guérilla et le triomphe d’un héros. La seconde s’attache à sa disparition. Le Che est désormais une figure importante sur la scène internationale. Après la révolution cubaine, le voilà soudain qui disparaît. Incognito en Bolivie, il prépare un groupe de camarades à la guérilla afin d’essaimer la révolution dans toute l’Amérique du Sud. Mais cette campagne s’empêtre dans onze mois de combats face à l’armée bolivienne soutenue par la CIA… Extrêmement documenté, appliqué aux faits et d’ailleurs tourné en espagnol (ce qui est surprenant pour une production avant tout états-unienne, mais semble inévitable en l’occurrence), «Guérilla» évite habilement le sensationnalisme en se concentrant sur l’action de manière anti-spectaculaire, avec le style lisse qui a notamment fait l’originalité de Soderbergh dans «Traffic». Tiraillé entre son rôle de héros et ses aspirations personnelles, le personnage du Che y acquiert une épaisseur inédite. En résulte un film fleuve qui détaille avec une distanciation quasi brechtienne et une précision documentaire le quotidien d’un révolutionnaire.
Etats-Unis / Espagne / France, 2008, couleur et noir blanc, 2h07, programme n°153