A voir mardi 6 janvier 2015 à 04h15 sur Arte |
Après avoir joué entre 1913 et 1915 dans les courts-métrages burlesques du studio Keystone, dirigé par Mack Sennett, et ceux de The Essanay Film Manufacturing Compagny, Charlie Chaplin est une véritable star et se voit offrir un contrat en or par le Mutual Film Corporation. Entre mai 1916 et octobre 1917, et à raison de 10’000 dollars par semaine, Chaplin a carte blanche pour écrire, jouer et réaliser une série de douze courts-métrages comiques. Jouissant d’une liberté absolue, il devient, à 26 ans seulement, l’unique maître à bord de son cinéma et donne naissance à ses plus célèbres films avant d’investir le terrain du long-métrage. En 1964, dans son autobiographie intitulée «L’Histoire de ma vie», Chaplin écrit d’ailleurs qu’il considère les années Mutual comme les plus heureuses de sa vie. Ce bonheur transparaît dans cette série de courts-métrages qui constituent aujourd’hui les plus représentatifs et les plus aboutis de l’art du plus célèbre vagabond de la planète.
Gauche, naïf, généreux, fauché et amoureux, Charlot est un personnage bourré de défauts comme de qualités. Curieusement, alors que ses qualités le mettent généralement en situation précaire, ses défauts surgissent pour sauver les meubles. Ces douze courts-métrages appartiennent à la tradition du burlesque, à l’exception de «Charlot musicien», qui annonce le Chaplin des longs-métrages.
Sorti le 7 août 1916, «Charlot rentre tard» est le 4e film de la série Mutual. Ce court-métrage est unique en son genre. En effet, à l’exception de la scène d’ouverture dans laquelle un chauffeur de taxi raccompagne Charlot à son domicile, l’acteur est exclusivement seul à l’image. En outre, il n’est pas vêtu de ses loques de vagabond, mais d’un complet très chic et son intérieur laisse penser qu’il incarne un personnage particulièrement aisé. Tard dans la nuit, il rentre d’une soirée bien arrosée et doit lutter contre son environnement (accessoires décoratifs, horloge, table, tapis, lit) pour boire un dernier verre et pouvoir enfin dormir du sommeil du juste.
One A.M.
de Charles Chaplin
Etats-Unis, 1916, 25 min.