Carlos (3/3)

A voir vendredi 21 octobre à 20h40 sur Arte

Après Canal+ qui en a eu la primeur, Arte diffuse sur deux soirées le film monumental que le cinéaste Olivier Assayas a consacré au terroriste Ilitch Ramirez Sanchez, dit «Carlos», qui purge actuellement une peine de prison à vie dans une geôle parisienne. Présenté dans son intégralité (5h33) à Cannes en 2010, ce biopic très peu complaisant est une œuvre exceptionnelle, ce qui n’a rien d’étonnant de la part du brillant réalisateur de «Boarding Gate» (2007), «Demonlover» (2002) et autre «Clean» (2004). Divisé en trois partie, joué par l’hallucinant Edgar Ramírez, «Carlos» décrit l’ascension et la chute du «révolutionnaire» vénézuélien qui fraya avec les groupuscules les plus notoires des années septante (à l’exception des Brigades Rouges), multipliant les «hauts-faits», telle la prise d’otage des ministres du pétrole de l’OPEP à Vienne. Sur un rythme hallucinant, Assayas décrit la trajectoire sanglante de son protagoniste, sans aucun romantisme, faisant de Carlos un être narcissique, avide de reconnaissance, machiste, et complètement dépassé au final, ce dont se serait amèrement plaint l’intéressé depuis sa cellule. Avec une précision chirurgicale et une acuité politique sans précédent, le cinéaste démonte les rouages de cette escalade à la violence souvent aveugle, sans oublier de pointer la responsabilité des grands de ce monde d’un cynisme sans égal. En résulte une œuvre fleuve qui, entre cinéma et série télévisée, invente quelque chose de complètement nouveau, dont le petit écran ferait mieux de s’inspirer à l’avenir!

de Olivier Assayas
France, 2010, 1h35 & 1h55